A l’heure où l’on s’alarme des conséquences de l’activité humaine et ses impacts sur le climat, des initiatives écologiques émergent aux quatre coins de la planète. En Nouvelle-Zélande, une famille construit elle-même une maison respectueuse de l’environnement, constituée de plus de deux mille pneus et autres matériaux recyclés. Des mois de labeur qui permettront à Brian, Karen et leurs enfants de vivre en autosuffisance.
Brian Gubb ne cache pas sa fierté. Sa maison prend forme et le rêve de toute une vie n’est désormais plus intouchable. « Depuis mes vingt ans, je savais que je voulais construire mon foyer de mes propres mains », dit-il en montrant les 275 m2 occupés par le colossal chantier. Tout a commencé il y a trois ans, alors que Brian travaillait encore comme agent de sécurité. A la recherche d’un terrain, il visite une propriété située à Ngaruawahia, petite ville située à cent kilomètres au sud d’Auckland. Il tombe directement sous le charme des sept hectares de forêt native, le « bush » néo-zélandais dans toute sa splendeur. « J’ai tout de suite compris que c’était ici que je commencerais à donner les premiers coups de pelle », avoue Brian avec malice.
Pour cet homme de 47 ans, il s’agissait d’un véritable défi : il n’avait en effet aucune expérience dans le domaine de la construction. Pourtant, cela n’a pas été la principale pierre d’achoppement. Si le conseil régional [ndlr: qui décide de l'octroi des permis de bâtir] s’est rapidement montré enthousiaste quant au projet, il a ensuite fallu convaincre un architecte d’approuver les plans. C’est seulement après de nombreuses modifications et sueurs froides qu’il a finalement donné son feu vert à l’édification de la « maison folle », comme l’appellent certains habitants de Ngaruawahia. Car cette maison est entièrement constituée de pneus de voitures, canettes, bouteilles en verre et autres matériaux qui trouvent une seconde vie chez les Gubb.
Rien ne se perd, tout se transforme
Ici, on ne jette rien. Au contraire, on ramasse ce dont les autres ne veulent plus. Ainsi, régulièrement, Brian revient avec un camion chargé de bric-à-brac, que ses fils Wade et Clinton débarquent pour stocker dans des abris de jardin. « Le plus pénible a été de collecter les deux mille pneus de voitures que papa avait demandés aux concessionnaires automobiles », lance Clinton dans un soupir. Une idée farfelue qui a eu le mérite de contenter les détenteurs de pneus usagés, ne sachant quoi en faire, et rémunérant même Brian cinq euros pièce pour s’en débarrasser.
Ainsi, pendant plus d’un an, le quotidien de la famille s’est vu consacré à remplir les pneus d’un mélange d’argile et de sable, avant de les disposer précautionneusement pour édifier les murs. Ceux-ci, constitués également de canettes vides, font un mètre d’épaisseur. Ils absorbent la chaleur pendant la journée et la rayonne dans les pièces durant la nuit. En hiver, la masse thermique constituée par le caoutchouc permet de garder une température constante à l’intérieur. De grandes vitres vont venir se greffer à la construction, afin de maximiser l’apport en chaleur du soleil.
Un potager intérieur
Les Gubb, déjà bien lancés, devront encore néanmoins aligner quelques milliers d’heures de travail avant de finaliser leur projet. Tout en respectant le contrat passé avec la nature. Ainsi, à l’intérieur de la maison, Brian envisage planter un potager alimenté par l’eau de la rivière. Les eaux usagées seront quant à elles évacuées en respectant l’environnement. Un système d’air conditionné naturel sera également mis en place. Pour l’heure, il convient d’abord d’abriter les pièces des intempéries. « Les travaux ont bien avancé, nous sommes en train de poser le toit de la première chambre », annonce Wade avec fierté.
Woofing: du volontariat international respectueux de l’environnement
Ils s’appellent Jana, Yoko, Esteban, John. Ils viennent d’Allemagne, Japon, Chili ou encore des Etats-Unis pour épauler les Gubb sur ce chantier colossal. Depuis 2004, ils sont en effet plus d’une centaine de jeunes à être venus donner un coup de main grâce au Woofing (Willing worker on organic farms), organisation internationale qui offre une large liste de fermes et autres projets où l’on travaille tout en respectant la nature. La condition pour être éligible par le programme? Produire une nourriture organique, sans ajout de pesticides nocifs. Les « woofers » fournissent ainsi quatre heures d’efforts par jour, en échange du couvert et du gîte. « Une aide précieuse », selon Brian, qui sans l’apport de tous ces bras, ne pourrait pas avancer aussi vite dans la construction. « C’est une expérience géniale, et une façon hors du commun de visiter un pays. Je me suis inscrite à ce programme car je voulais entrer en contact direct avec la population », raconte avec enthousiasme Jana, volontaire allemande sur le chantier.
Site du woofing: www.wwoof.org
Si ses enfants lui apportent une aide précieuse, Brian, qui a quitté son emploi il y a deux ans pour se consacrer à temps plein au chantier, peut également bénéficier de l’aide de volontaires venus des quatre coins du monde. « En échange de quatre heures de travail par jour, nous leur offrons le gîte et le couvert. Nous les intégrons pleinement à nos activités et à la vie du quartier. Ils font en quelque sorte partie de la famille », dit Brian. Malgré le dur labeur, la famille et leurs visiteurs ne manquent pas de s’amuser. « Avec l’aide des volontaires, nous avons construit un sauna, un four à pizza, ainsi qu’un bain chauffé au feu de bois que nous avons installé au milieu de la forêt…Nous comptons prochainement creuser un étang. Ça va être drôle d’y voir nager des petits poissons rouges », nous déclare Clinton, déjà excité par la perspective du nouveau projet.
Pas de facture
Pour Karen, la femme de Brian, cette maison écologique est surtout une occasion de diminuer les dépenses. Vivre en autosuffisance permettra à la famille Gubb de n’avoir qu’à supporter les frais liés à la construction : 25 000 euros. « L’énergie sera produite par la rivière jouxtant la maison, grâce à une petite centrale hydro-électrique. Nous installerons également des panneaux solaires sur le toit. Nous n’aurons plus jamais à payer de factures ! C’est un immense soulagement, d’autant que le coût de la vie augmente sans cesse en Nouvelle-Zélande », confie Karen, qui travaille à mi-temps comme secrétaire à l’Université de Hamilton. Les Gubb se nourriront grâce au potager luxuriant et aux nombreux animaux peuplant déjà la basse-cour.
En attendant la fin du chantier, Brian Gubb est fier de montrer les dernières avancées à ses amis, et aux autres curieux venus visiter le chantier familial. Il déambule ainsi à l’intérieur de ce que sera sa future maison. En souriant, il souffle à trois visiteurs venus d’Auckland ces quelques mots : « Quand tout sera fini, j’installerai un panneau à l’entrée disant « Ne riez pas, tout est déjà payé »! » Car c’est dans une logique économique que Brian a avant tout imaginé sa maison, il aime le rappeler. Et tant mieux si ça fait du bien à la planète.
Santiago Fischer
Pour travailler comme volontaire sur le chantier, contactez Brian Gubb par email: b.gubb@amcom.co.nz – site internet : homepages.callplus.net.nz/~b.gubb
Très bonne idée originale ! Vive la vie avec des habitats différents et du logement pour tous !
Cela est mieux que de survivre dans certaines villes avec des cafards , de l’humidité et sous les griffes
de marchands de sommeil ! Bravo !
slt, franchement bravo pour ces idées vachement eco, je suis tout a fait pour ce genre de proget et encourage ce genre de proget. DONC BRIAN SI TU M’ENTEND viens construire ma maison!!!!
Pourriez-vous mettre un lien video du reportage sur ce sujets, traité par Canal + ?
bonjour, moi je trouve cet maison très genial et de bonne invention
pourquoi ne pas faire nous meme notre economie quand on voit ce que la vie nous coute a l’heure actuel
c’est bien meme dommage de ne pas avoir plus de renseignement sur tous ces principes de recyclage car c’est vrai deja si on peut reutiliser les pneus, les bouteilles c’est deja pas mal moins de pollution et oui meme si ca prend plus de temps moins de dechets dans les rivieres et dans les entrepots d’immondices
enfin voila mon point de vue
Initiative à souligner (mais réserve aussi)
Néammoins, dans ce pays il ne sont pas encore au stade de la récup ! comme nos pays européens ! Donc à défaut de…
CONCEPT interressant pour les pneus (pour certains pays)
Tong écologique qui nous vient du Brésil tout en pneu recyclé, la bride est en PVC. Ces tongs très confortables sont idéales pour arpenter le milieu urbain.
Gooc c’est plus qu’une marque, c’est tout un concept ! Durant la Guerre du Vietnam, les vietnamiens utilisaient les pneus des véhicules détruits au combat pour fabriquer des chaussures de circonstance appelées « Dép ». Ils récupéraient le lin des bâches et des sacs de vivres pour en faire des habits. En 1978 , le fondateur de Goóc, Thai Quang Nghia, fuit son pays le Vietnam par bateau grâce un navire brésilien. Il s’inspire de la créativité de son peuple et décide de créer Goóc avec comme idéologie le développement de produits recyclés.
genial , vive la recup,dans cette socitè de conso tout et bon pour faire du fric,revenons a des valeurs plus saines ,la decroissance est la seule solution,sinon c’est la fin des z’aricots !
Construction d’une maison écolo avec des matières à recycler(pneu,bouteille en verre)
Bonjour,
Je rejoins tout à fait les doutes émis quant aux matériaux utilisés ainsi qu’à la volonté réelle de produire un projet écologique. Ce que j’ai voulu signifier surtout par cet article, c’est que l’on peut avoir un impact positif sur la planète, même minime, alors que le but premier poursuivi n’est pas écologique ! Pour être resté plus d’un mois avec cette famille, je peux vous dire qu’elle n’aspirait qu’à l’auto-suffisance, rien d’autre. C’est la beauté du projet, et surtout la clé de l’avenir de notre planète, j’en suis persuadé.
l’auteur de l’article
je rejoins en partie Eric comme quoi ce ne doit peut-être pas être très sain comme habitation (a priori), et que les procédés style « bois cordés » sont plus écologiques.
Ceci dit, pour le côté aménagement du territoire (maison isolée), à partir du moment où elle est autonome en énergie et en eau, ça pause déjà moins de problème. Lorsque l’on lit par ailleurs que l’autonomie de cette famille est même alimentaire (potager, animaux…), on se dit que c’est clairment un plus pour l’environnement : consommer local, pas de transports ni de bouffe ni d’eau, ni d’électricité…. Pour une deux façade en ville, ce serait bcp plus dure. Sans compter que l’on est en Nouvelle zélande, où la gestion de l’espace suit probablement des exigences autres qu’en Belgique. Chez nous ce ne serait probablement pas le meilleur modèle, en effet.
Par ailleurs ces gens n’auraient peut-être pas eu l’argent pour construire une maison avec d’autres matériaux. Ce que je trouve sympa dans le projet, c’est qu’il est collectif, qu’il tisse des liens sociaux, qu’il est économique, et qu’il réutilise certains déchets… Même si c’est vrai qu’il est loin d’être parfait. Je veux bien creuser la question des effets sur la santé de ses habitants et éventuellement sur l’environnement, en allant sur place… mais alors bonjour mon empreinte écologique ;-)
Quel super projet ! Dommage que le site de Brian et Karen ne soit plus à jour depuis juin 2006, on aimerait suivre le déroulement de cette belle entreprise.
Hello
j’ai du mal à considérer ce projet comme écologique et ce pour plusieurs raisons :
- il fait l’apologie de la (grande) maison unifamiliale isolée en pleine nature avec appropriation personnel du paysage > pollution visuelle (à nuancer en fct de l’intégration du bâtiment), problème de mobilité pour les habitants et tous les services…
- je doute des qualités intrinsèques des matériaux. certe il y a de la terre dans les pneus, mais aussi toutes sortes de déchets à commencer par les pneux eux-mêmes. ce serait pour stocker du charbon, je ne dis pas, mais pour y vivre !
- le recyclage de déchets est une chose à prendre au sérieux, si chacun rammasse ce qu’il trouve pour en faire un tas en dessous de sa maison, on a pas fini de courir derrière l’amiante, le plomb, le béton au cyanure etc
- le plan de ce Brian est clair, financer sa construction contre l’évacuation d’un tas de déchets quitte à vivre dedans pour sa confiance dans l’innocuité du procédé
- le jour où il faudra démolir cette maison… bonjour la galère (en comparaison, la construction en bottes de paille, en terre crue, en bois cordé, en ossature bois, en bois plein… me semble autrement écologique)
Qu’en pensez-vous ?