Les rues de Montréal envahies par 15 000 jeunes. En provenance de tout le Québec, ces jeunes marcheurs ont clamé leur solidarité et leur engagement citoyen à l’occasion de la 39e Marche 2/3. Le plus grand rassemblement annuel de jeunes de toute l’Amérique du Nord. Avec pour slogan cette année : « Ca chauffe pour la planète, bouge ! »
Les bus scolaires déversent une avalanche de jeunes aux abords du Parc La Fontaine, dans le quartier prisé du Plateau Mont-Royal, à Montréal. Venus d’écoles secondaires des quatre coins du Québec, ces ados n’ont pas lésiné sur les pancartes multicolores et autres supports créatifs visant à attirer l’attention de tous les passants à l’occasion de cette 39e Marche 2/3. L’enthousiasme se lit sur tous les visages. L’ambiance est à la fête. Les tambours résonnent. Les banderoles s’agitent, arborant des messages mêlant urgence et espoir.
Les jeunes préoccupés par les changements climatiques
Çà et là, le slogan « Ca chauffe pour la planète, bouge ! » trotte dans la foule animée. Cette année, le thème de la Marche 2/3 est celui des changements climatiques. Avec une attention particulière sur l’inégalité de ses impacts : alors que les principales émissions de CO2 sont émises par les pays riches, ce sont les populations du Sud qui trinquent. « Nous avons effectué un sondage auprès des jeunes québécois au sujet des enjeux de la planète. Ils ont identifié les changements climatiques comme étant leur préoccupation première », explique Jean-Pierre Denis, co-fondateur du Club 2/3, la division jeunesse d’Oxfam-Québec, organisatrice de la marche.
Jean-Pierre a participé à toutes les marches, à quelques exceptions près. Il a donc vu défiler près de quatre décennies de jeunes. Concernant l’évolution des mentalités en matière d’engagement des jeunes, il souligne : « Dans les années 70, il s’agissait davantage de charité. Aujourd’hui, les jeunes clament plus de justice. Ils sont aussi beaucoup plus conscients des enjeux mondiaux qu’auparavant. »
Ensemble face à l’urgence
La Marche 2/3, c’est l’occasion pour ces jeunes de célébrer les actions engagées qu’ils ont posées durant l’année scolaire. Bernard, prof de math à Montréal, et ses élèves ont participé à un projet visant à réintégrer deux petites filles dans le circuit scolaire, à Haïti. « Cette marche festive, c’est comme une récompense pour les jeunes, explique Bernard. Ca permet de valoriser leurs actions. Ils voient aussi que d’autres agissent, qu’ils sont nombreux. Ca donne beaucoup d’énergie pour continuer. »
Pour la plupart des jeunes présents, il s’agit surtout de secouer le cocotier, de crier haut et fort qu’il est temps de passer à l’action. Ils se voient comme investis d’une mission, celle de faire bouger le monde. Brandissant une pancarte « Attention la terre chauffe », Alexandra, 15 ans, lance : « C’est nous la nouvelle génération. Il faut que les gens réalisent ce qui se passe autour de nous ! ». « Tout le monde sait ce qui se passe, mais trop peu de gens interviennent », enchaîne plus loin Catherine, 15 ans également. Pas un peu trop lourd de devoir porter le poids des problèmes climatiques sur ses épaules, alors qu’on est jeune et qu’on subit les conséquences des émissions de CO2 échappées par les adultes ? Il semble que non. Ici, les jeunes sont animés par l’espoir. L’espoir que les choses bougent. Et la volonté de poser sa pierre et d’avancer collectivement dans cette voie. « Il faut qu’on soit nombreux pour que ça bouge, explique Michael. Et ça urge ! »
Céline Teret
Photos: Céline Teret
Site du Club 2/3, la division jeunesse d’Oxfam-Québec : http://www.2tiers.org/