Médicament générique : Un médicament, quand il est créé, est généralement protégé par un brevet, ce qui réserve sa commercialisation à son inventeur. Il est alors appelé médicament d’origine. Le produit devient générique quand le brevet est échu ou si le médicament n’a jamais été breveté. Dans ces deux cas, le médicament peut être copié. Le produit est également générique s’il est copié hors de toute protection par brevet, dans un pays qui ne donne aucun brevet pour les produits pharmaceutiques. Dans le cas du sida, il faut être attentif au fait que les médicaments génériques ne le sont pas au sens propre du terme. En effet, les brevets ne sont pas encore échus. Mais comme il s’agit de copies de médicaments vendus moins chers que les médicaments d’origine, on les assimile à des produits génériques. Pour permettre aux plus défavorisés de se procurer des soins valables, des producteurs gouvernementaux ou des compagnies privées ont lancé la fabrication et la vente de produits génériques dans des pays comme le Brésil, l’Inde, etc. Leurs prix sont nettement inférieurs aux produits d’origine, ce qui a obligé les laboratoires occidentaux à revoir leurs prix à la baisse. Suite à la Déclaration de Doha en novembre 2001, les pays qui en ont les moyens peuvent désormais produire sous licence obligatoire les thérapies contre le sida. Les états ne pouvant les fabriquer ont eux le droit de les importer. Mais un an après cette décision, les discussions au sein de l’Organisation mondiale du commerce, fin du mois de novembre 2002, entrevoient la possibilité de mécanismes plus restrictifs pour la production et l’exportation des produits génériques.
[...] L’aspect « médicaments génériques » sert souvent à caricaturer – à tort – la campagne que nous avons menée en faveur de l’accès aux médicaments or il n’en constitue pas le point clé. Ce pour quoi nous nous sommes battus, avec d’autres, c’est pour la fin des abus dans l’application des brevets. Cette situation débouche sur des situations de monopole et l’imposition de marges bénéficiaires énormes et injustifiées. Certaines molécules – nécessaires pour traiter le SIDA notamment – parce qu’elles sont produites aux Etats-Unis, en Suisse, en Allemagne, sont peu accessibles en Afrique du sud, au Rwanda ou au Mozambique, où l’on en a pourtant cruellement besoin. Plutôt que demander, de manière irréaliste, le passage au domaine public de ces substances et l’autorisation de fabriquer des génériques, avec disparition totale des bénéfices pour les firmes détentrices du brevet, nous avons proposé le principe de « licence obligatoire » qui implique que ces compagnies soient obligées d’autoriser la production locale, donc à prix moindre, tout en touchant les royalties. Nous n’avons donc jamais considéré les génériques comme le solution miracle de l’accès à tous les médicaments. [...]