Chaque minute, des hectares de forêts partent en fumée, en meubles ou en pâte à papier. Les peuples indigènes pleurent leurs habitats perdus, les scientifiques énumèrent les écosystèmes anéantis tandis que les industriels comptent leur argent et que les dirigeants corrompus achètent de nouvelles voitures grâce au trafic du bois. Alors, économie contre éthique ? Commerce contre environnement ? Ennemis ou alliés ? La forêt et ses habitants sont au centre des débats.
En Amazonie, l’équivalent de 5000 terrains de football est déboisé chaque jour. La déforestation ravage aussi les forêts en Indonésie, en Afrique centrale, au Canada, etc. « Le déboisement est largement reconnu depuis Rio, en 1992, explique Filip Verbelen, responsable de la campagne forêt pour Greenpeace Belgique. Le problème n’est pas seulement de perdre des arbres, mais de détruire tout un écosystème où la biodiversité est énorme. » En effet, la faune et la flore sont luxuriantes dans les forêts naturelles ou primaires, c’est-à-dire celles qui sont encore peu ou pas touchées par l’activité humaine. Elles diffèrent des forêts plantées, comme celles que nous trouvons en Ardenne, qui sont des espaces verts modelés par la main de l’homme et exploités dans un but commercial. Ainsi, les épicéas, si nombreux dans nos contrées, ne sont pas une espèce naturelle. Ils ont été implantés par les humains.
Outre la faune et la flore, des peuples indigènes sont aussi victimes de la déforestation. Qu’ils habitent dans ou près de la forêt, ils vivent d’elle pour leur nourriture, leurs constructions, leurs remèdes médicaux, etc. En perdant leur milieu, ils risquent de perdre leur culture, de s’appauvrir et de devoir s’exiler.
70% d’exploitations illégales
Actuellement, « 80 % des forêts primaires ayant existé ont disparu. La destruction a surtout eu lieu durant les cinq dernières décennies. Le climat est responsable d’une partie, mais les humains restent les principaux coupables », expose Filip Verbelen. La diminution du couvert forestier est due à toutes sortes de raisons : les paysans rasent la végétation pour se doter de cultures, des villages sont bâtis, etc. La première cause reste néanmoins l’exploitation forestière commerciale. « En simplifiant, on peut dire que ce sont généralement des multinationales qui se trouvent derrière cette activité. Les produits sont vendus aux consommateurs habitant essentiellement dans le Nord, dans nos contrées », affirme Filip Verbelen.
Le problème n’est pas tant l’exploitation en elle-même que la manière dont elle est pratiquée : elle est souvent illégale. Au Cameroun, 50% des exploitations sont hors la loi; en Indonésie, 70 % ! « Les compagnies internationales nous reprochent souvent d’utiliser le concept de forêts primaires, qui serait une notion de luxe pour protéger les gorilles, les tigres, etc. En fait, les personnes qui luttent le plus fort pour conserver les forêts sont les indigènes », poursuit Filip Verbelen. Pourtant, les autochtones participent parfois à la déforestation. Cette activité leur permet de subvenir à leurs besoins ou de mieux gagner leur vie. L’environnement devient alors secondaire. Mais souvent, ces populations ont beaucoup à perdre de la déforestation. Les bénéfices engendrés par le commerce illégal se perdent essentiellement dans les poches des multinationales et de leurs « contacts » locaux (militaires, dirigeants corrompus, etc.) plutôt que d’enrichir les caisses de l’état et par là les citoyens du pays.
Où sont les lois ?
Toutefois, des législations existent pour protéger les forêts. À l’échelle nationale, les effets des lois sont divers. Au Canada, les exploitations ne sont pas illégales, sans pour autant être toutes respectueuses de l’environnement. Dans les pays du sud, les lois existantes sont souvent mal ou peu appliquées. Les gouvernements manquent fréquemment de moyens financiers pour contrôler leur exécution.
Traditionnellement, les débats sur la déforestation se passent à l’échelon international : les forêts sont généralement considérées comme un patrimoine de l’humanité. Elles ont une influence considérable sur le climat de la planète, offrent leurs trésors à la médecine de tous les hémisphères, Mais au plan international, on en appelle seulement à des initiatives volontaires, sans sanctions prévues. Beaucoup de pays veulent en effet régir seul leur territoire. D’ailleurs, ils accusent souvent les Européens de les sermonner sur leur politique de déforestation alors qu’eux-mêmes ont déjà détruit leurs forêts. « Certes, l’argument se tient, avoue Inès Verleye, qui représentait l’Union européenne à Johannesburg pour le dossier biodiversité, mais pourquoi ne pas leur apprendre à ne pas commettre les mêmes erreurs que nous ? » Malgré tout, certains sont prêts à exploiter « durablement » leurs forêts, mais avec le soutien financier des nations « riches ». « Il est normal de demander de l’argent pour compenser la perte de revenus générés par l’exploitation légale. Mais ces pays doivent d’abord contrôler les industries existantes, souvent illégales et qui font donc perdre des milliards de dollars aux caisses de l’état », précise Filip Verbelen.
Actions concrètes et vaines promesses
Petit à petit, une prise de conscience s’installe. Chez les politiciens, qui acceptent de protéger des hectares de forêts. Chez les citoyens, qui contrôlent l’origine de leur bois. Chez les entrepreneurs, qui se mettent à exploiter la forêt de façon à respecter l’environnement. Certains se dotent de certifications, de labels. Sur presque tous les sites Internet des multinationales pratiquant le commerce de bois, une partie est réservée à l’environnement. Les entreprises agissent quelquefois de façon concrète. Parfois aussi, il ne s’agit que d’une liste de bonnes intentions, un effet marketing. Il peut être difficile de faire la différence. Du moins, cela veut montrer un intérêt pour la gestion durable des forêts, sans lequel la compagnie s’exposerait au mécontentement d’un public de plus en plus conscient du problème de la déforestation. En outre, à long terme, la gestion durable peut, selon Filip Verbelen et différents observateurs, rapporter de l’argent. Il n’y aurait par exemple plus besoin d’aller toujours plus profondément dans la forêt pour exploiter des arbres et donc de construire des chemins pour y avoir accès.
Au bout du compte, un paradoxe est manifeste : la forêt attire la sympathie de presque tout le monde. Cependant, son exploitation perdure. C’est que derrière la notion de déforestation, de nombreux intérêts sont en jeu. Nous baignons en plein développement durable : l’environnement est important, mais il ne peut être examiné sans les points de vue économiques et sociaux. Les tensions sont nombreuses et très diverses. Les forêts seraient-elles donc condamnées ? Filip Verbelen rassure : « Il reste encore beaucoup de zones naturelles. Mais elles sont menacées. Tout n’est pas perdu, néanmoins on ne peut se permettre de laisser encore passer dix ans. »
- http://www.greenpeace.be
- http://www.wwf.be
- http://wri.org (World Resources Institute)
- http://www.andainternational.com
- http://www.fsc.org/en (site Internet du label Forest Stewardship Council)
- http://www.pefc.org (site Internet du label PEFC)
Un discours pour les jeunes de 13 ans ?! Depuis que j’ai 12 ans ( j’en ai 14 ) je n’entend que parler de ça ! On sait nous maintenant ce qu’il faut faire ! C’est les c*** d’adultes et de chefs d’entreprise qui devraient avoir un discours ! Les adultes sont la cause de tout ça ! Nous on ne fait que subir et maintenant on sait tous ce qu’il faut faire mais pas vous ! J’aime beaucoup la nature, et que les adultes disent : » On est trop vieux pour changer nos habitudes. » ou encore : « Je m’en fiche je serai plus là. » Vous non mais nous vos enfants oui !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Il faudrai mettre un discours argumentatif pour que les jeunes de 13 ans comprenent