Que ce soit par conviction pour le Développement Durable, pour redorer son blason ou encore pour séduire actionnaires et clients, les raisons ne manquent pas aux entreprises de s’engager vers une gestion « responsable » de leurs activités. Par ailleurs, au niveau réglementaire, un paquet de conventions, de codes, standards et autres lois sont à leur disposition pour les y aider. Mais dans les faits, la majorité des firmes belges ont-elles vraiment la fibre RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) ?
À première vue, dans notre pays, la responsabilité sociétale des entreprises semble avoir la cote. Les multiples congrès et autres tables rondes organisés par des organisations patronales, des gouvernements ou d’autres acteurs de la société autour du thème « entreprendre durablement » en témoignent. On ne compte plus non plus les prix pour récompenser une gestion respectueuse du personnel et de l’environnement, les rapports sociaux des entreprises, les groupes de dialogue entre ONG et entreprises, les formations et publications sur la responsabilité sociétale des entreprises, etc. Mais à y regarder de plus près, sur le terrain, il semble que ce soit une autre paire de manches…
Les PME à la traîne ?
Certaines de nos entreprises d’envergure internationale, comme Solvay, Delhaize, Carrefour, Colruyt, Ecover, les laboratoires pharmaceutiques Janssen, intègrent – plus ou moins – le Développement Durable dans leur stratégie d’entreprise et leur communication. Mais du côté des PME – c’est-à-dire presque 99 % des entreprises belges -, le Développement Durable est quasi absent. La raison serait à chercher du côté du concept lui-même. Aux yeux de nos PME, diriger une entreprise sur le mode « durable » est un joli outil de communication à l’usage des grosses sociétés. Intégrées au tissu local, en se souciant de la satisfaction du client et de la bonne gestion de leur personnel, elles s’engagent spontanément sur certains aspects du Développement Durable. Mais sans en faire une stratégie globale d’entreprise, et sans se préoccuper non plus de communiquer à ce sujet… De toute façon, elles n’en ont ni le temps ni les moyens.
Les outils s’adaptent
De plus, les standards internationaux, les codes et les instruments orientés Développement Durable ne sont pas franchement adaptés aux petites structures, encore que des efforts aient été faits dernièrement. Ainsi, CSR Europe a développé SME-key, un site Internet et un guide à télécharger pour aider les PME à réaliser un audit interne de leur situation en terme de « gestion responsable ». Unizo (Union des entrepreneurs indépendants NL) et le réseau d’entreprises Business & Society belgium leur ont concoté un manuel pratique de RSE, avec le soutien de la communauté flamande. Environ 300 de ces PME l’utilisent déjà. Côté francophone, des « Ecocartes » ont été mises au point pour aider les petites sociétés à gérer et communiquer leurs performances environnementales. Citons encore l’organisation Global Reporting Initiative, qui travaille actuellement à la mise au point d’un outil de rapport sur le Développement Durable à l’usage des PME. L’Europe aussi se décarcasse de plus en plus pour attirer toutes ces petites entreprises vers la RSE. La Fédération européenne des PME a initié, avec le soutien de la Commission Européenne, une campagne de sensibilisation à la « gestion durable » à destination des PME.
Nord et Sud
Au bout du compte, il ressort que le gros des entreprises belges ne se met pas encore martel en tête pour le Développement Durable. En outre, les attitudes sont sensiblement différentes au Nord ou au Sud du pays. Ainsi, en Flandre, on met beaucoup l’accent sur la formation continue et sur la variété des tâches des ouvriers, en s’inspirant fortement des modèles anglo-saxons ; côté Wallonie, on se penche surtout sur les aspects socio-économiques de la gestion « durable », particulièrement la formation et l’embauche de personnes très « en marge de l’emploi ». De façon générale, on ne peut pas encore parler de changement dans la culture d’entreprise ; toutefois, avec l’évolution des normes et le développement d’ « outils » pour soutenir les entreprises, la notion de « gestion durable » pourrait bien faire son chemin dans les têtes des managers…
Bonjour Messieurs,
Très intéressée par votre article, je voudrais savoir combien il y a d’entreprises en Belgique francophones et quelle est la définition exacte de la PME (effectif ? Chiffre d’affaires ? ) Merci d’avance
Anne Lejeune