« Les ateliers de la rue Voot » sont un centre d’expression et de créativité situé à Woluwe Saint Lambert, commune bruxelloise. Outre de nombreux ateliers artistiques (photo, céramique, sculpture, création numérique), l’association propose également des stages de formation à l’énergie solaire…et une maison futée ! Synthèse de bonne volonté, d’idées environnementales et de créativité, toute la maison fonctionne sur le principe de la gestion durable et respectueuse des ressources. Découverte.
L’entrée est sur le côté du bâtiment, une vaste boulangerie du début du 19e Siècle. On y parvient par un enclos terrassé, un peu en désordre. La vieille porte en bois nous mène dans un couloir froid. Au fond à gauche, des femmes travaillent l’argile dans un grand atelier garni de centaines de poteries. À droite, contraste. Une grande pièce sombre, inoccupée. Des sangles pendent au plafond. Des pièces métalliques, méthodiquement classées, dorment sur l’étagère. C’est l’atelier vélo, où les amoureux de la petite reine viennent réparer leur engin, sous les conseils avertis d’un pro. Quelques marches plus haut, dans une grande et lumineuse mansarde. une cuve d’eau tiède entourée de circuits ronronne dans un coin. Nous sommes dans l’atelier des techniques solaires. Les panneaux sont au-dessus de nos têtes, sur le toit.
Une énergie complémentaire, et non de substitution
L’animateur Jean Mottlo explique: « Cet atelier existe depuis 1982. À l’époque, un second choc pétrolier s’était fait sentir, et je me suis rendu compte que la réalisation d’un chauffe-eau solaire n’était pas très compliquée. En fait, il suffit de se procurer le matériel spécifique. Le programme du stage comprend une partie théorique qui pose les jalons nécessaires à la compréhension du système. Ensuite, les panneaux solaires sont montés en groupe, de A à Z ». Sans entrer dans les détails, ce travail touche à la vitrerie, la soudure et la menuiserie. Des opérations délicates à mener de manière précise, méthodique et professionnelle. La fabrication artisanale de ces panneaux donne des rendements approchant ceux des panneaux industriels, beaucoup plus chers.: « Lorsque le montage est terminé, souligne Jean Mottlo, nous partons ensemble en chantier. Souvent, le panneau est monté chez un stagiaire, aidé gratuitement par les autres. Le coût du produit est donc réduit au prix des matériaux » (au total, environ 2000 € pour un chauffe-eau complet, par rapport aux 3000 € du premier modèle du commerce, main d’œuvre exclue)
L’animateur précise toutefois que les panneaux construits ici ne concernent que le chauffage de l’eau sanitaire, qu’ils assureront à hauteur de 60% en moyenne annuelle. « Considéré dans l’ensemble de la consommation d’énergie d’un ménage, ce pourcentage est faible, puisque des besoins existent pour les déplacements, l’énergie électrique, le chauffage… Nous ne pouvons pas nous passer des modes de production énergétique traditionnels, surtout l’hiver. Néanmoins, l’utilisation d’énergies renouvelables permet de diminuer cette dépendance. Et l’énergie solaire est de loin la plus facile à mettre en œuvre en ville. On y trouve très facilement 2,5 mètres carrés de toiture bien orientée, ce dont on a besoin ».
Futur futé
Jean Mottlo nous fait ensuite visiter la grande bâtisse. L’association a toujours eu une éthique environnementale, bien qu’il ne s’agisse pas de sa mission principale. « Il y a deux ans, nous avons eu l’idée de regrouper l’ensemble de nos petits efforts éco-logiques sous la bannière d’un projet appelé « Futur Futé » ». Il s’agit en fait de mettre en évidence par un système de logos, tous les petits gestes qui contribuent à une gestion durable des ressources et des déchets de la maison, avec l’intention d’y sensibiliser les visiteurs, petits et grands. Ainsi, les déchets de terre de l’atelier céramique sont séchés, broyés puis remouillés et compactés. Certains circuits d’éclairage sont différenciés selon l’utilisation qu’on fait d’un local. Cela rationalise les consommations d’électricité. Les produits de l’atelier photo sont récoltés par la déchetterie chimique, organisme privé et payant, « alors que certaines écoles les rejettent encore en masse à l’égout ! » Les déchets organiques sont compostés. La cafétéria est « écologisée » au maximum. Et l’eau chaude, devinez d’où elle vient ? Toutes ces petites choses, toujours accompagnées de leur logo, participent à un esprit d’intégration du comportement durable dans un projet d’établissement qui n’est pas au départ environnemental, voire, avec la photographie ou l’émaillage des céramiques, parfois très polluant. Un centre citoyen, à découvrir absolument.
Article publié dans la revue Symbioses, n°65