Humidité, moisissure, acariens, produits chimiques… Si nous n’y prenons garde, nos locaux peuvent devenir des bombes à retardement. Attention santé ! Descente dans l’univers insalubre des « toubibs du logement ». Tout en sensibilisation.
Bruxelles. Quartier de la gare du midi. Ici, le taux de chômage et de précarisation crève les plafonds belges. Et lorsque l’on n’a pas le sou pour s’offrir un logement décent, les plafonds belges sont crevés, au sens littéral cette fois : ils tombent en miettes. « Là, pour le moment, les moisissures nous tombent dessus, nous les respirons sans le savoir », explique Laurent Van Asselt, fondateur de l’asbl Habitat Santé, venu visiter un appartement où l’humidité ronge autant les murs que le corps de ses habitants. Dans la chambre parentale, sous les combles, la tapisserie noircie se décolle du mur. « Cela fait longtemps que c’est comme ça ? ». « Oui, très. Et je suis tout le temps malade », répond le mari, les cheveux suintants. Laurent Van Asselt pose un testeur d’humidité aux quatre coins de la pièce. L’écran affiche 150. « Au-dessus de 100, c’est que c’est trempé ». Tel un chirurgien, il prélève alors un échantillon, pour analyse. Son diagnostic est pourtant déjà presque établi : « neuf chances sur dix que ce soit du stachybotris, une moisissure aux effets allergisants, émettrice de toxines responsables de fatigue, d’infections, de problèmes articulaires, musculaires, nerveux. Une chose à retenir : elle s’attaque aux points sensibles de la personne. Bronchites, asthme, rhinite, conjonctivite… ». La liste noue l’estomac. Le couple de Marocains comprend mieux son mal-être chronique.
Le Colombo du logement sort alors la tête par la fenêtre : « pas étonnant, la toiture part en morceaux, le propriétaire doit arranger ça. Vous avez des problèmes dans d’autres pièces ? ». Oui. La chambre de la fille de 6 ans est dans un état similaire. L’an dernier, la fenêtre, une simple lucarne, s’est envolée. Le constat s’aggrave encore dans la pièce qui sert de salle de bain. « Ma fille est allergique à tout ». « Je vais réaliser un rapport que vous donnerez aux médecins, pour qu’ils comprennent l’origine de vos maux, explique Laurent Van Asselt. Vous en donnerez aussi un exemplaire à l’union locale du logement et à votre propriétaire, pour qu’il répare tout ça ». « Mais le propriétaire ne voudra pas réparer, rétorque le bon monsieur, souriant malgré les tuiles lui tombant sur la tête. Il nous a donné notre préavis. Il n’y a pas de contrat. Je me demande comment je vais trouver un autre logement pour 400 euros. »
Humidité ou condensation : mêmes effets
Seconde visite de la matinée pour Laurent Van Asselt. Autre rue, autre appartement, autres problèmes. Ici, les pièces sont plutôt cosy. Parquet, cuisine équipée, séjour agréable. « Regardez, là c’est tout noir ». Dans le salon, le linteau au dessus de la fenêtre est en effet piqué par la moisissure. « Ici, les murs sont secs, contrôle le professionnel. Les tâches sont dues à la condensation. Il y en a aussi dans la chambre de la petite fille et dans la cuisine ». La toussotante occupante des lieux dit aérer tous les jours, en créant un courant d’air. Un comportement adéquat pourtant peu courant. Instinctivement, L. Van Asselt se dirige dans la salle de bain, prend un morceau de papier toilette, l’effeuille et le pose à l’entrée de la buse d’aération. La feuille ne frissonne pas. « Cela montre que l’air – et donc l’humidité – ne sont pas aspirés et se diffusent dans toute la maison lors de chaque douche ». Dans la cuisine, autre lieu d’évaporation par excellence, la superbe hotte électronique n’aspire en réalité que les odeurs, rejetant l’humidité dans la pièce. Plus grave : la chaudière refoule du CO, le monoxyde de carbone, un gaz mortel. « Dans l’immédiat, puisque vous ne pouvez pas éteindre votre chaudière, laissez la fenêtre du local à chaudière ouverte en permanence, et nettoyez les taches d’humidité avec de l’eau de javel, en la déposant délicatement avec une éponge, en laissant agir, puis en rinçant à l’eau claire », conseille le licencié en sciences agronomiques spécialisé en acariens. Un aménagement du pire. Pour le reste, là encore, la facture sera salée pour le propriétaire.
La batte de base-ball, ce n’est pas une fiction
Sur une année, près de 300 logements sont ainsi auscultés par Habitat Santé pour des questions d’humidité et d’acariens, à quoi s’ajoutent 800 autres pour le CO. Rien que sur Bruxelles. Le plus souvent sur demande de travailleurs sociaux, d’infirmières à domicile, de médecins, des habitants eux-mêmes, trop peu expérimentés en matière de pollution intérieure. Mais beaucoup de victimes se taisent encore. « Il y a la peur, raconte Laurent Van Asselt. Le propriétaire doit dépenser des milliers d’euros et continue à croiser le « responsable » dans le couloir. Le proprio avec une batte de base-ball, ce n’est pas une fiction. Puis il y a aussi la crainte de l’ex-mari, qui veut récupérer les enfants et qui risque de se servir de notre rapport sur l’insalubrité du logement. Sans parler de la hantise d’être mis à la rue ».
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Bonjour.Je suis trés heureux de lire votre article car je suis une formation en France à se sujet et je souhaite en faire une activitée proféssionelle.
Pourriez vous m’indiquer si possible quel type serait le mieux appropriée et acec quelles institutions travailler?
Je renouvel mes compliments car cet article donne l’expréssion du droit au logement décent!