Disposer d’un ou plusieurs comptes bancaires, de virements, de cartes électroniques, d’ouvertures de crédit, d’un livret d’épargne nous paraît aujourd’hui, banal, normal… et même indispensable. Nous sommes devenus dépendants des banques. Mais à quel prix, au regard de nos préoccupations citoyennes, environnementales, sociales ? Quelles sont les alternatives qui s’offrent à nous aujourd’hui?

Quelques hics des banques classiques

Une étude menée par le Réseau Financement Alternatif en 2001 a révélé notamment que l’exclusion bancaire, qu’elle se traduise par une absence de compte en banque ou par l’impossibilité d’en utiliser un, touche plusieurs dizaines de milliers de Belges, avec un seuil minimum de 40.000 personnes. Sans compter d’autres formes d’exclusion comme les difficultés d’accès à un crédit adéquat, qui concernent davantage encore de nos concitoyens. Les conséquences pour ces exclus sont multiples, tant sur le plan psychologique, administratif qu’économique.
Par ailleurs, il est très difficile de savoir aujourd’hui ce que financent les banques avec les sommes considérables dont elles disposent et qui proviennent, entre autres, de l’épargne des particuliers. A titre d’indication, en Belgique, la somme totale placée par des particuliers sur un livret d’épargne dépassait, début 2005, les 150 milliards d’Euros (Le Soir, janvier 2005). Cela devient problématique pour le citoyen épargnant soucieux d’un monde plus juste lorsque les activités économiques financées ne répondent pas aux critères éthiques minimaux. C’est le cas pour l’industrie de l’armement mais aussi pour celles qui ne respectent pas les droits fondamentaux des travailleurs et de l’environnement.

Placer éthique

Il existe diverses formes de produits financiers alternatifs proposant aux épargnants et aux investisseurs d’adjoindre des considérations éthiques, sociales et environnementales aux critères financiers traditionnellement utilisés.
Concrètement et de manière simplifiée, voici quelques formules praticables de placement ou épargne (si vous avez de l’argent de réserve…), classées progressivement selon votre niveau d’engagement « éthique » :

• choisir une épargne ou un placement éthique au sein de votre banque « traditionnelle » (beaucoup de banques en proposent : certaines Sicav chez Dexia, épargne Cigale chez Fortis, etc.)
• ouvrir un compte d’épargne au sein d’une banque éthique (Triodos est la plus connue) ; attention seules les personnes juridiques (asbl, entreprises, sociétés) peuvent y ouvrir aussi un compte à vue ;
• consacrer une partie ou la totalité du revenu généré par l’épargne à une initiative solidaire (via Triodos, Cigale, etc.)
• placer directement le montant de l’épargne dans un projet de solidarité (intérêt limité)(Credal, « respect + » d’Oxfam-Magasins du Monde, etc.)
• investir dans un groupe d’épargne de proximité expérimentant un autre usage de l’argent et mettant l’accent sur une solidarité de proximité. Vous renoncez ainsi à tout intérêt financier sur votre épargne (Ecus baladeur en Brabant wallon, Fourmi solidaire à Tournai, Pivot à Herve, L’Aube à Liège, La Bouée à Thirimont-Waimes)

Crédit solidaire

Les microcrédits ou crédits solidaires sont des initiatives d’associations (ou ONG) et de banques issues en leur sein pour rendre le crédit accessible aux populations insolvables. Placer son épargne au sein d’organisations de ce type permet de donner un coup de pouce à des projets sociaux ou alternatifs qui n’ont pas ou difficilement accès au crédit bancaire traditionnel (Credal, groupes d’épargne de proximité, etc.)

Joëlle van den Berg, article publié dans la revue Symbioses, n°68

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