La rue, pour ne pas perdre le chemin
L’association Dynamo réalise un travail de prévention auprès des jeunes, dans certains quartiers de Forest, d’Ixelles et d’Uccle, à Bruxelles. Son origine se situe il y a une vingtaine d’anées, à Forest, dans une école d’enseignement spécial, fréquentée par des jeunes qui présentaient des troubles de comportement, raconte Philippe Toussaint, responsable de l’association. « Un groupe d’enseignants a commencé à organiser bénévolement pour ces jeunes des activités collectives, le week-end. Mais ils se sont rendu compte que les jeunes éprouvaient le besoin de parler avec eux sur les difficultés qu’ils rencontraient. Puis l’un de ces enseignants, qui avait rencontré en Angleterre et au Québec des travailleurs sociaux de rue, a amené l’idée qu’il était possible de réaliser des activités collectives régulières avec les jeunes dans un cadre non contraignant, comme la rue ». Même si l’association existe depuis une vingtaine d’années, le travail professionnel n’a vraiment démarré que fin 1989. Juste après avoir achevé ses études d’assistant social, Philippe Toussaint l’a rejointe en 1991.
Pourquoi privilégier la rue comme lieu de socialisation ? « Il y a des jeunes qu’on rencontre dans la rue et qu’on retrouve difficilement ailleurs, explique-t-il. Les plus fragilisés d’entre eux ne rentrent pas facilement dans des structures du genre service d’aide aux jeunes qui proposent leurs services dans un local. Ensuite, le travail de rue permet de bâtir une relation de confiance avec le jeune, ce qui lui permet, le cas échéant, de nous demander plus rapidement de l’aide. Cette approche est beaucoup plus préventive car le jeune n’attend pas d’être dans une grande difficulté pour nous solliciter. Une troisième raison est que la relation qu’on établit avec le jeune dans la rue n’est jamais d’autorité, car on est là dans un espace qui appartient à tout le monde. Cela donne aux deux parties la liberté de stopper la relation quand on sent que cela ne va plus ».
Le plus souvent, les travailleurs sociaux de Dynamo rencontrent le jeune dans le cadre des activités collectives qu’ils organisent dans l’espace public. « Bien souvent, le jeune commence assez spontanément à nous parler de lui, de sa scolarité, de sa famille, tout en sachant très bien qui nous sommes et que nous respectons un secret professionnel de confidentialité. Cette base de confiance nous permet également de le solliciter pour qu’il nous en parle ». Dans certains cas, cette relation devient un accompagnement individuel qui peut parfois prendre des proportions importantes. Certains d’entre eux sont suivis par Dynamo pendant des années par le biais d’entretiens familiaux ou de démarches en matière scolaire, judiciaire, de santé ou de relations avec ses copains. Lorsqu’une difficulté devient difficile à résoudre, Dynamo peut s’adresser à l’étage supérieur de l’aide à la jeunesse, le SAJ, un organe officiel public, ou prévenir, via le SAJ, le Parquet de la jeunesse. Dynamo est par ailleurs en relation avec d’autres institutions, spécialisées en matière de logement, de santé ou de guidance.
Andrés Patuelli, publié dans Antipodes n°171, janvier 2006
Notes :
- Le nom de l’association fait référence à l’article 27 de la Déclaration universelle des droits de l’homme : « Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent ».
- Ces témoignages ont été repris dans « Emois ! Et moi… Guide d’Article 27 à destination des travailleurs sociaux, 2004-2006 »
- L’OED sera prochainement rebaptisée Prison et réinsertion. Art et prison a été développée depuis 2000 par le bureau belge du British Council, Rode Anthraciet , l’OED et Culture et démocratie
- Voir Mark Lipsey, « What works ? », Université de Salford, Royaume-Uni, 1993.
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