On va mesurer votre bonheurClés pour comprendre

22 décembre 2005

On entend de plus en plus parler du Bonheur National Brut, un concept duquel émanent toutes sortes d’initiatives tentant de mesurer le progrès d’une nation d’une manière plus holistique et prenant en compte des valeurs autres que celles strictement économiques. Mais de quoi s’agit-il au juste ?

Et si on vous disait que le Gouvernement de votre pays souhaite, au moyen de différentes statistiques sociales, environnementales et économiques, mesurer votre bonheur, ça vous ferait quoi ?Et l’additionner à celui de votre voisin et de votre grand-tante, le comparer à celui d’un Américain ou d’un Cubain ? « Mais sur quoi seraient basées ces statistiques ? », demanderez-vous. Et bien sur toutes sortes de données subjectives et difficilement mesurables. La tâche semble presque impossible. Et pourtant …

Le PIB, un indicateur qui n’est pas synonyme de bien-être

Dans nos sociétés « développées », où l’argent et la consommation sont rois, le progrès et le bien-être d’un pays sont généralement mesurés grâce à des indicateurs essentiellement économiques tels que le produit intérieur brut (PIB) . Le hic, c’est que ces indicateurs ne tiennent compte que de l’aspect principalement productif et lucratif d’une activité. Explication : selon un effet pervers, appelé effet Kobe, une catastrophe naturelle est positive pour l’économie de par les travaux de reconstruction et de réfection qu’elle entraîne. Paradoxalement, le fait que cette catastrophe ait entraîné la mort, le dénuement et le malheur de milliers d’êtres humains n’entre pas en ligne de compte. Il n’y a donc aucune considération qualitative quant à l’orientation positive ou négative de ce qui est produit. De plus, malgré la croissance continue du PIB dans les pays industrialisés au cours des dernières décennies, les gens ne sont pas forcément plus heureux.

Des indicateurs alternatifs pour des exigences nouvelles

Depuis le début des années 90, des centres de recherche internationaux, des associations, des organisations internationales et des ONG, ont mis au point des indicateurs qui tentent principalement de prendre en compte deux types d’exigences : des exigences sociales et des exigences environnementales. Ils mesureraient par exemple des facteurs tels que la protection des ressources naturelles, le temps consacré à la famille, l’accès aux soins, le bénévolat, etc.

Parmi ces indicateurs alternatifs, citons, entre autres : l’Indice de Développement Humain des Nations Unies, qui est tout simplement la moyenne de trois indicateurs – le PIB par habitant, l’espérance de vie à la naissance et le niveau d’instruction. Mentionnons également les indicateurs européens d’inclusion sociale ou indicateurs de Laeken, qui sont des indicateurs en matière de pauvreté et d’exclusion sociale. Ou encore l’empreinte écologique, qui mesure l’espace dont un individu ou une population a besoin pour soutenir son mode de consommation ou son style de vie.

Quand les économistes s’intéressent au bonheur

D’éminents économistes focalisent également leurs recherches sur l’étude du bonheur, cette « nouvelle science ». En 2005, Richard Layard , économiste et professeur à la London School of Economics, a publié un ouvrage qui s’intitule « Bonheur : les leçons d’une nouvelle science ». Dans ce livre, il redéfinit le bonheur et émet des recommandations aux hommes politiques. En outre, Alan Krueger et Daniel Kahneman, tous deux professeurs à l’université américaine de Princeton, co-lauréats du prix Nobel d’économie 2002 – excusez du peu – veulent lancer en 2006 un indice pour mesurer le bonheur parallèlement au calcul du PIB par habitant. Et actuellement, ils travaillent sur une enquête nationale visant à « donner une image plus précise du bien-être de la population que celle délivrée par les questionnaires standards existants ».

La sagesse bouddhiste comme inspiration

C’est en 1972 que le terme de Bonheur national brut (BNB) est utilisé pour la première fois, au Bhoutan, petit pays d’Asie situé entre l’Inde et la Chine. Le souverain éclairé de cette nation bouddhiste avait décidé que la priorité pour son pays serait la quête de ce Bonheur national brut. Tout un programme ! Selon le premier ministre bhoutanais, les quatre piliers du BNB sont : le développement socio-économique équitable et durable ; la préservation et la promotion des valeurs culturelles bhoutanaises ; la défense de la nature ; et la bonne gouvernance. Depuis, l’idée a fait son chemin et deux conférences internationales ont été organisées sur le sujet. L’une au Bhoutan et l’autre au Canada, respectivement en février 2004 et en juin 2005. Toutes deux ont attiré de nombreux représentants venus de plusieurs pays et ont contribué à la mise au point d’indicateurs alternatifs.

A quand la prochaine réunion du G8 ou de l’OMC au Bouthan?

Sources :

6 commentaires sur “On va mesurer votre bonheur”

  1. [...] Lisez aussi, sur mondequibouge.be, deux autres articles consacrés à ce thème: > La mesure de notre consommation, un choix philosophique > On va mesurer votre bonheur [...]

  2. Juste pour faire un lien éventuellement utile! http://www.pourlebonheur.be
    Avec plaisir!

  3. Steph dit :

    Bonjour,

    On pourrait ajouter à cette article une référence à l’Indice de Planète Heureuse (HPI pour Happy Planet Index). Cet indice, inventé par la New Economics Foundation, peut être calculé pour les états mais aussi pour les individus. Cf. http://www.happyplanetindex.org

  4. marco dit :

    a quand ce BNB en france ? la vie ne peut être agréable que si nous entretenons quelques soient les circonstances un état de sérénité intérieure qui nous maintient en contact avec le monde.

  5. Alain dit :

    Merci pour ce bel article qui démontre qu’un autre monde est en construction basé sur des valeurs nouvelles et porteuse d’avenir pour l’humanité. Ne laissons pas le cynisme emporter le rêve d’un monde plus équitable et plus heureux. Ce monde est possible, ces artisants sont ceux qui sont prèt à y mettre l’effort, dans leurs actions, autant celle de la pensée, de la parole que celle du corps. Comme plusieurs scientifique l’affirmes, la révolution nécéssaire à la survie planétaire devra s’accompagner de la conquète spirituel.

  6. Jenny dit :

    BHOUTAN :

    Pays de joyeux drilles accessible uniquement en train

    (Marc Escayrol)