Pauvreté : où se situe la frontière ?Clés pour comprendre

12 décembre 2005

La pauvreté est « l’état d’une personne qui manque de moyens matériels, d’argent, qui a des ressources insuffisantes », nous dit Le Petit Robert. Est-ce vraiment si simple et si carré ? Rien n’est moins sûr… De son côté, à défaut de vous en livrer une définition exemplaire, Monde Qui Bouge vous invite à suivre quelques pistes pour en comprendre les différentes approches.

Aucune définition de la pauvreté n’a fait l’objet de consensus à l’échelle internationale. Sans doute parce qu’il existe de nombreuses façons d’envisager cette réalité, selon qu’on y porte un regard politique, un regard engagé dans le développement, dans l’action sociale, selon encore que l’on est issu du monde « scientifique », administratif ou que l’on vit soi-même une situation d’exclusion sociale. Tout est question de point de vue en somme et sans doute d’objectifs à atteindre. Sans compter que la misère elle-même recèle des contours complexes.

À l’échelle du globe, la pauvreté n’a ni couleur, ni frontière. Et pourtant, d’un continent à l’autre, elle revêt des visages bien différents. Quoi de commun en effet entre le paysan africain qui ne peut s’acheter une brouette et l’agriculteur du Vieux Continent, lourdement surendetté, qui n’arrive plus à joindre les deux bouts ? Leurs modes de vie n’ont certes rien à voir ; pourtant, tous deux sont des exclus, relégués en marge de leur société. De fait, on l’oublie trop souvent, nos contrées prospères ont aussi leur lot de laissés-pour-compte. C’est la raison pour laquelle Monde Qui Bouge a décidé de se pencher sur leur réalité en Belgique.

Au-delà des chiffres

Qu’est-ce que la pauvreté dans un pays comme le nôtre ? Pour délimiter la frontière entre pauvre et non pauvre, l’Union européenne, par exemple, raisonne en termes de revenus. On est considéré comme démuni lorsqu’on gagne moins de la moitié du revenu moyen du pays où l’on vit. Mais mesurer la pauvreté d’une population sur cet unique critère est loin de refléter parfaitement la réalité. Primo, un certain nombre de gens pauvres « n’entrent pas » dans ce type de définition; c’est le cas, par exemple, de ceux qui connaissent de lourds problèmes de surendettement, malgré un salaire correct. Deuzio, cette approche par le seuil de revenu masque une foule d’autres visages de la pauvreté : lutte pour les droits, problèmes scolaires, santé défaillante, souffrance, humiliation, stress continu, sentiment d’inutilité, etc. C’est aussi cela la pauvreté et pour l’approcher, il faut accorder de la place à une vision plus en nuance, plus qualitative que quantitative et multidimensionnelle.

Parole aux pauvres

En Belgique, la connaissance de la pauvreté a connu un tournant décisif avec le premier Rapport général sur la pauvreté de 1994. Pour la première fois ici, on privilégiait une approche fondée sur le dialogue entre des associations dans lesquelles des personnes pauvres s’expriment, des représentants des CPAS et des instances scientifiques, administratives et politiques pour comprendre la réalité de l’exclusion,. Un pas de géant vers une définition participative de la pauvreté, qui donne la parole à ceux qui la vivent chaque jour. Ainsi cette femme qui raconte : « A l’école, les enfants subissent les étiquettes. Ces étiquettes, ça les écrase pour demain. Et cela alors qu’ils sont innocents et qu’ils devraient avoir l’avenir devant eux » A l’issue de ces échanges, a émergé entre autres une vision nouvelle qui qualifie la pauvreté et la précarité d’existence, de violation des droits de l’homme. Depuis ce rapport, grâce au Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale, la conversation avec les démunis se poursuit, accouchant tous les deux ans d’un nouveau rapport. Parallèlement à cette mission, ce service pilote un projet novateur sur les indicateurs de pauvreté. Un groupe de travail planche depuis avril 2002 sur cette question, avec autour de la table des personnes pauvres, des chercheurs spécialistes de cette question, des représentants de l’administration. Leur objectif : approcher le plus finement possible, le plus proche surtout du vécu et de la perception des pauvres eux-mêmes, la réalité de l’exclusion. Les conclusions de ce projet ont été publiées en janvier 2004.

Pour en savoir plus :

  • Rapport général sur la pauvreté, réalisé à la demande du Ministre de l’Intégration Sociale, par la Fondation Roi Baudouin, en collaboration avec ATD Quart Monde Belgique et l’Union des Villes et Communes belges section CPAS, 1994.
  • Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale, 155 rue de la Loi à 1000 Bruxelles, 02 233 07 01, www.luttepauvrete.be Ce service fait connaître aux décideurs politiques les constats, les analyses et les propositions émanant des concertations qu’il organise entre acteurs concernés : associations dans lesquelles des personnes pauvres se reconnaissent, CPAS, syndicats, professionnels de divers secteurs, administrations Ce service ne fournit pas d’aide aux particuliers. Il réalise tous les deux ans un Rapport sur la précarité, la pauvreté, l’exclusion sociale et les inégalités d’accès aux droits. Le dernier : «Abolir la pauvreté : une contribution au débat et à l’action politiques», Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale, Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme, décembre 2005 est consultable sur leur site.

Un commentaire sur “Pauvreté : où se situe la frontière ?”

  1. Mukamana dit :

    Bonjour à tous moi je suis là pour demander aide , je suis une femme pauvre de deux enfants , j’appele de tous qui a un bon coeur de m’aider pour sortir dans cette misère .
    Aide moi s’il vous plaît
    merci