Coup de projecteur sur quelques établissements s(c)olaires durables qui donnent à voir en ces temps gris et maussades. Histoire de se revigorer et de s’inspirer de ces bâtiments scolaires innovants en matière d’énergies renouvelables.
En ce qui concerne la qualité environnementale des bâtiments ou «Greenbuilding », l’Allemagne, la Suisse, le Canada, l’Angleterre ou les pays nordiques font souvent figure de pionniers. Voici donc l’occasion de glaner quelques exemples d’éco-établissements scolaires en dehors de nos frontières. Et c’est promis la Belgique sera à l’ordre du jour très prochainement avec un article consacré à l’Institut Robert Schuman, situé à Eupen.
L’Allemagne offre en effet un cocktail détonnant d’initiatives et d’alternatives en matière d’aménagement durable des établissements scolaires. Le lycée Schickhardt, par exemple, niché au cœur de la petite ville d’Herrenberg dans le Bade-Wurtemberg, est équipé d’une centrale solaire avec pas moins de trente panneaux photovoltaïques. Pour compléter cet ensemble, un panneau électronique, situé dans le hall d’entrée du lycée, indique aux élèves la production d’électricité en temps réel. En montrant la quantité de tonnes de gaz carbonique qui n’a pas été envoyée dans l’atmosphère, ce panneau a évidemment une forte vocation pédagogique. Cette approche dite d’architecture écologique a été justement récompensée en 2002, année où la ville d’Herrenberg s’est vue décerner le prestigieux prix environnemental par le Climate Action Network (Réseau d’association de lutte contre les changements climatiques). Herrenberg a été retenu pour la qualité de ses actions en faveur de l’électricité solaire.
De l’Allemagne à la France
Ces éco-établissements ne se distinguent pas seulement par des capteurs solaires pour l’eau chaude sanitaire. L’architecture «organique » recouvre aussi d’autres aspects en matière d’intégration de matériaux et outils respectueux de l’environnement. Concrètement ce souci de l’environnement se traduit par des matériaux peu énergivores issus de filières locales, l’utilisation de peintures labellisées, une réutilisation des déchets ou encore une gestion de l’eau pluviale par drainage ou à l’aide de toits végétalisés…
En France, les établissements scolaires, les collectivités locales et les logements sociaux représentent à eux seuls 75% des opérations en aménagements durables. C’est dire l’importance que recouvrent la réhabilitation et la construction d’établissements scolaires peu énergivores. Contrairement à l’Allemagne, la France s’est d’ailleurs fendue d’une labellisation ou démarche en matière d’aménagement durable des établissements scolaires : la Haute Qualité Environnementale (voir Glossaire) . Cette démarche intègre la préoccupation environnementale tout au long du cycle de vie du bâtiment (de sa construction à sa démolition). Derrière ce terme un peu pompeux de « haute qualité environnementale » se cache une prise en compte de l’impact d’un bâtiment sur son environnement intérieur et extérieur se traduisant par un renouvellement des conceptions architecturales et urbanistiques. Un exemple parmi tant d’autres : le lycée H.Q.E du Pic Saint Loup, près de Montpellier, conçu par l’architecte et urbaniste Pierre Tourre. Un site spécialement destiné à cet établissement scolaire en explique les avancées : « C’est une architecture essentiellement fonctionnaliste, jouant avec l’ombre et le soleil, la couleur et la nature environnante. À cela s’ajoute donc aujourd’hui, une volonté d’utiliser les ressources naturelles à bon escient. » Ici, le lycée mise entre autres sur une ventilation naturelle afin de renouveler l’air intérieur des classes. Un système de « puits canadien » (voir Glossaire) utilise de manière passive l’énergie géothermique pour rafraîchir la cyber médiathèque en été, et chauffer les locaux en hiver. Enfin, l’exposition judicieuse de l’établissement scolaire confère une « qualité et optimisation de la lumière naturelle propices à des économies d’énergies… »
Encore plus loin
Toujours dans l’hexagone – où le ministre de l’Education G. de Robien a promis une dizaine d’établissements « éco-responsables » à l’horizon 2005-2010 – notons aussi la construction de la nouvelle école de Saint-Waast à Valenciennes. Cette école sera pilote dans la mesure où elle deviendra le premier établissement français à respecter les 14 critères HQE (voir Glossaire). Le projet table sur tout un arsenal « technico-écologique » allant de l’utilisation de linoléum pour les revêtements de sols à base d’huile de lin, de farine de bois, de résines naturelles à l’éclairage naturel des salles de cours, en passant par l’habituel (?) préchauffage de l’eau sanitaire par des capteurs solaires. Il vise également à s’inscrire dans un projet global de restructuration du quartier. Mais ce n’est pas tout ! Les concepteurs du projet comptent bien déployer d’autres matériaux novateurs comme l’allumage des pièces par radars de présence ou une robinetterie à déclenchement infrarouge… Tout cela pour la « bagatelle » de 7 741 820 euros HT. Le coût total de l’opération devrait néanmoins être compensé à terme par des économies d’eau, de chauffage, d’électricité.
Malgré tout, la France ne fait pas cavalier seul dans les effets d’annonce concernant la construction d’établissements « éco-responsables ». Le premier établissement scolaire durable devrait également voir le jour à Montréal. En prime, la performance énergétique de ce bâtiment sera a priori 60% supérieur à la norme nationale.
Technique écolo-pédagogique
Évidemment, au-delà de la technique, l’établissement scolaire utilise ses innovations à des fins pédagogiques. Les enfants, les parents, les enseignants et autres utilisateurs du site restent les spectateurs et acteurs directs des matériaux, matériels et projets mis en oeuvre. Les élèves seront ainsi encouragés à cultiver des potagers et vergers dans l’enceinte de l’école de Saint-Waast, à installer des nichoirs… Au sein du lycée allemand de Schickhardt, un groupe de travail a travaillé sur le thème « construire ». Au cours de ce projet, les lycéens ont pu planifier et construire virtuellement leur maison du futur tout en respectant certains critères déterminants d’économies d’énergie, déterminés au préalable par leurs camarades. Ces démarches offrent donc aux établissements scolaires une nouvelle occasion de s’orienter vers l’éducation à l’environnement et de démontrer la nécessaire cohérence entre leur discours et leurs actes. Autre espoir du ministre français :
Cette prise de conscience environnementale « pourrait donner, aux yeux des élèves, un supplément de sens à de nombreux enseignements ».
Pour autant finit l’école buissonnière ?
Hélène Mori
- Réseau d’association de lutte contre les changements climatiques
Climate Action Network (CAN) : www.climatenetwork.org - Politis, Hors série n°42, novembre décembre 2005, Face à la crise L’urgence des énergies renouvelables, « L’Allemagne un cas d’école » par Patrick Piro
- www.ecohouse.be pour promouvoir la qualité environnementale dans le secteur de la construction
- http://www.assohqe.org/
- Profitez d’une visite en images du lycée H.Q.E du Pic Saint Loup : http://www.archicool.com/expos/tourre.mov
J’aimerais bien inscrire mon école dans une dynamique écologique avec des matériaux durables et respectueux aussi des travailleurs qui les produisent et aussi en utilisant toutes les ressources naturelles possible et en axant les pédagogies sur les possibilités alternatives…Mais dites moi où je pourrais trouver du financement pour tout ça…
Ouf! Enfin un maigre espoir de préserver l’environnement! Article qui redonne un peu de confiance en l’avenir, confiance qui jusqu’à présent avait été sacrément effritée par tous ces constats fatalistes sur la pollution… Car après tout, c’est bien à l’école qu’on forme les futurs acteurs sur l’environement!
bien, bien tout ca… une forme concrete d’education a l’environnement en somme, c’est rare de nos jours, parce que depuis quand les politiques montrent ils vraiment l’exemple?!