Les maladies non-contagieuses ont causé près de 60 % des décès dans le monde (30,3 % par maladies cardiovasculaires, 12,6 % par cancers, 6,4 % de maladies respiratoires) et devraient augmenter fortement à l’échelle mondiale : en 2020, la part de ces maladies, des accidents et de la violence atteindra 80 % de la morbidité mondiale : le tabac à lui seul tuera plus de 10 millions de personnes par an d’ici 2030. Ces maladies sont fortement liées à la commercialisation acharnée de produits alimentaires malsains, la consommation abusive de tabac et d’alcool et la sédentarisation quotidienne.
[...] Même si la malnutrition a diminué de moitié ces trente dernières années, une seule comparaison chiffrée suffit pour vous nouer l’estomac. Elle illustre le poids du déséquilibre entre nantis et déshérités, les premiers souffrant d’avoir fait le mauvais choix (d’alimentation, d’activités), les autres de ne tout simplement pas l’avoir : dans les pays pauvres, 170 millions d’enfants ont un poids corporel insuffisant et trois millions d’entre eux pourraient en mourir cette année ; parallèlement, plus d’un milliard d’adultes ont un excès pondéral parmi lesquels 1/3 sont cliniquement obèses. Les conséquences sont lourdes : un demi-million de personnes, en Amérique du Nord et en Europe occidentale principalement, mourront cette année de maladies liées à cette obésité. Le drame est que ces maladies liées à nos habitudes alimentaires universelles et à la consommation accrue d’aliments industriels gras, salés ou sucrés se répandent au Sud, s’ajoutant aux maladies infectieuses qui y sévissent encore. C’est là tout le paradoxe : dans les taudis des mégalopoles d’aujourd’hui, les maladies dues à une nourriture malsaine coexistent avec une sous-alimentation. Ces maladies non-contagieuses sont déjà responsables de 60% des décès dans le monde. [...]