À quelques semaines du colloque « Changements de comportements », organisé les 16 et 17 mars, rencontre avec Joelle van den Berg, secrétaire générale du Réseau IDée et principale coordinatrice de cet événement. L’occasion de revenir sur les objectifs et les perspectives de cette thématique dans l’air du temps.
Vous organisez un colloque sur le thème des « Changements de comportements ». De quels « changements » parlez-vous ? Chez qui ?
Là on pourrait dresser une longue liste. Disons que ce colloque veut approfondir les processus de changement en vue d’un monde plus viable et solidaire. Des changements pensés en vue d’une amélioration des conditions de vie individuelles – santé, situation socio-économique…- et collectives – environnement naturel, paix, solidarité internationale. Ces changements visent aussi à gérer autrement les problèmes, pour amener à d’autres manières de faire et de voir, comprenant la collaboration, l’écoute, l’esprit critique, l’inclusion, l’ouverture … Cela dit, le but du colloque n’est pas tant de cibler les changements de comportements qui sont nécessaires, mais plutôt de savoir ce qui fait qu’une personne change, et quelles sont les méthodes qui peuvent aider à changer.
D’où vous est venue cette idée de colloque ?
Il y a deux facettes : le Réseau IDée vise des changements de comportements auprès des personnes en vue d’une amélioration de l’environnement. Dans cet esprit-là, était notamment invité l’an passé lors des Rencontres de l’ErE (Education relative à l’Environnement), Robert-Vincent Joule, psychosociologue, expert de la théorie de l’engagement. Tout à coup, on a entendu un discours relatif à des « méthodologies » de changements. Ce fut un déclic pour approfondir.
L’autre facette, c’était l’envie de créer un brassage d’idées entre des personnes et organisations aux préoccupations différentes (axées tantôt sur l’environnement, tantôt sur la solidarité, la santé, la paix…) mais qui font référence à des valeurs communes : responsabilité, autonomie, solidarité, équité, justice… Elles ont en commun également de développer des actions d’animation, de formation, d’éducation, de sensibilisation et même de communication, avec des succès divers.
La situation pourtant ne s’améliore pas, bien au contraire : la pauvreté empire, les ressources naturelles s’épuisent, les conflits s’étendent, les inégalités sociales et écologiques explosent, les problèmes de santé se complexifient, le droit à une existence digne s’effiloche… Ce Colloque se veut un éclairage, parmi d’autres, pour aller vers plus d’efficacité dans nos démarches, se donner d’autres outils d’analyse, d’autres idées de conception d’activités. Il s’agit donc d’un colloque relativement « technique » où l’on parlera plus du « comment » que du « pourquoi ».
Le premier changement, vous l’appliquez donc à vous-même, en organisant cet événement avec plusieurs partenaires…
Dès la conception du colloque, le Réseau IDée a choisi de travailler avec des partenaires très différents et parfois inhabituels. Tous forment, informent et/ou éduquent différents publics sur les enjeux qu’affronte la société du 21e siècle. Les « Changements de comportements » font partie intégrante des missions de chacun, mais sont parfois conjugués différemment. Cette collaboration est un défi en soi : il s’agit d’apprendre à travailler ensemble, à se comprendre, à s’organiser, faire des concessions… C’est très riche mais délicat.
La formule aussi se veut originale, loin de « l’information ex cathedra »…
Oui, nous allons alterner apports théoriques et ateliers pratiques, en suscitant des liens entre les uns et les autres. Pour les apports théoriques, nous nous sommes tournés notamment vers le monde universitaire qui a répondu de manière intéressée car ce colloque lui permet de faire un lien entre la théorie et la réalité de terrain. Pour nous, c’est aussi l’occasion de penser nos manières d’agir en faisant davantage référence aux outils que peut fournir le milieu universitaire.
Pour les ateliers pratiques, nous avons tout simplement fait appel aux acteurs de terrain qui souhaitaient faire part de leur expérience, que ce soit avec des ménages, des jeunes, des enseignants… pour manger autrement, consommer moins d’énergie, être plus solidaire, sortir des conflits… Nous avons ainsi réuni une bonne trentaine d’expériences les plus diverses qui serviront de « terreau » pour l’analyse et le débat.
Il y a vraiment de la matière, mais la difficulté réside dans l’optimisation, l’extension et la reconnaissance de ces mouvements de changements.
« Changements de comportements », n’est-ce pas le leitmotiv de tout un chacun, de la vie de couple à celle d’éducateur ?
Si, évidemment. Mais il y a une différence de poids entre les questions que se pose un couple qui se rend chez le psychothérapeute et celles que se pose un « acteur de changement ». En ce qui concerne, les associations, c’est nous qui voulons faire changer les autres et pas l’inverse. Les personnes ne sont pas forcément demandeuses de changements et lorsqu’on leur demande de changer, une foule de résistances se lève…
C’est pourquoi nous avons cherché différents éclairages dont l’approche systémique avec Jean-Jacques Wittezeale, qui décortique notamment les résistances d’une personne face aux changements. Éclairage ensuite de la psychologie sociale avec Vincent Yzerbyt (et collègues) qui nous présentera différents modèles théoriques relatifs aux changements de comportements, puis enfin Arnaud Pêtre, expert en « neuromarketing » qui perturbera peut-être l’assemblée en analysant le pourquoi et le comment du succès de certains procédés de marketing. Certes nous n’aurons pas vraiment d’éclairage sur les changements de type institutionnel. Comment change-t-on une structure, des lois ? C’est tout aussi important, mais ce sera quelque chose à approfondir après le colloque.
L’éducation constitue-t-elle un des principaux leviers d’action ?
J’en suis intimement convaincue. Et c’est une dimension qui sera remise en exergue à la fin du colloque avec l’intervention du psycho-pédagogue Jean Therer. L’éducation devrait permettre aux personnes de faire face à des situations évolutives, à se situer, à faire des choix en référence à des valeurs, des expériences. Mais c’est une vision idéale de l’éducation !
Si l’accès à une telle éducation était offert à tous … Il n’y aurait même plus besoin d’un colloque « changements de comportements », mais plutôt une multiplication de lieux de participation pour impliquer les citoyens à la construction de leurs cités.
Propos recueillis par Hélène Mori
C’est formidable, je voulais justement faire mon mémoire sur les technique d’éducations à une consommation éthique, et je tombe sur ce site. J’étais certain que le marketing et la psychologie avait devaient apporter des outils intéressant. Je suis à la recherche d’une personne ressource dans ce domaine. Y a t’il un volontaire? vous pouvez me contacter sur mon mail cedric.heine »at »gmail.com