Que se passe-t-il quand des jeunes prennent la parole et « leur environnement en main » ? Démonstration grandeur nature d’un foisonnement d’idées et d’actions salutaires.
Le 17 mai dernier se réunissait au Parlement wallon de Namur la 1ère Assemblée des Jeunes Wallons pour l’Environnement. « L’environnement, c’est comme les dents, ça s’entretient ». Voilà le slogan ludique retenu par les quelque soixante jeunes participant à cet événement. Une grande première qui n’est pas sans rappeler le Parlement des Jeunes Bruxellois pour l’Eau réuni tous les 2 ans depuis 2001. Pas étonnant puisque cette initiative du Ministre wallon de l’Environnement est à nouveau chapotée par l’asbl Green Belgium. Selon Xavier Dallenogare, engagé pour suivre cette épopée, l’Assemblée concerne en première ligne des jeunes déjà lancés dans des projets environnementaux. L’animateur a donc ratissé le territoire wallon au peigne fin pour rassembler des jeunes de 10 à 18 ans issus d’écoles, de maisons de jeunes, d’associations et de conseils communaux d’enfants déjà actifs. Avant l’événement, cinq mercredis après-midi ont permis de faire connaissance et d’établir les premiers constats en matière d’environnement. Pour structurer leur travail, les jeunes se sont également regroupés par commissions thématiques : « Eau », « Nature et biodiversité », « Consommation et déchets ». Après quoi, ils étaient plus à mêmes d’envisager des actions de terrain afin de plancher ensemble sur les motions parlementaires. Et le tour est quasiment joué ! Reste à voir le déroulement séance tenante…
Le jour « J » dans l’hémicycle
En ce mercredi après-midi, chaque jeune arbore un Tee-shirt avec le logo et le slogan du projet. Cette unité de tons reflète d’emblée une dynamique de groupe entre ces jeunes issus des quatre coins de la Wallonie. Une harmonie rare dans l’hémicycle. Pour le reste, le déroulement se veut le plus proche de l’officiel. Quinze motions, exposées par les jeunes, se succèdent. Ces propositions vont de la protection des cours d’eau aux opérations de ramassage spectaculaire, en passant par la gestion d’une écoboutique et l’installation de robinets fontaines dans les écoles wallonnes. À la fin de chaque motion, jeunes et adultes ont leur mot à dire pour amender ou faire une remarque et certains ne se gênent pas ! Suite à la motion n°9 sur la lutte contre la déforestation, une jeune frondeuse objecte : « C’est pas qu’à nous de faire des efforts parce que quand on a des contrôles, les feuilles, elles ne sont même pas recto verso ! ». Alain Hubert, revenu des glaces pour présider la séance, est épaté : « Hé bien avec vous, j’ai l’impression que les choses vont bouger ! ». Bien entendu la plupart des motions suscitent une nuée de cartons verts en signe d’accord. Un résultat prévisible qui avait été pointé par un participant lors d’une rencontre préparatoire : « De toute façon tout va être voté ». Réponse de Xavier : « Le vote n’est pas un aboutissement en soi, l’intérêt réside principalement dans tout le processus d’élaboration et dans le fait d’entrer en contact avec des adultes qui agissent… ».
Éducation à « vivre les choses »
Cette Assemblée donne en effet une tribune supplémentaire aux jeunes pour valoriser leurs expériences et relayer leurs critiques et constats. Pour autant, l’important est de « vivre les choses » selon Xavier. Vivre un processus parlementaire n’a rien à voir avec le fait de visiter un Parlement. Avec la tenue d’une séance grandeur nature, les jeunes ont participé à la construction d’un processus démocratique pour l’intégrer à leur propre niveau. De fait, ce projet propose une autre forme d’éducation à l’environnement colorée d’éducation à la démocratie, à la société et aux relations entre les gens. Et quand on demande à Gaëlle et Lallie ce qui leur plaît dans le projet, elles répondent en chœur : « avoir la parole ! ». Alors quel était l’intérêt de donner la parole aux jeunes ? Pour Xavier, l’avantage de cette Assemblée était de regrouper des jeunes « qui ont des préoccupations et possibilités d’engagement différentes des adultes ». Rappelons tout de même que des adultes étaient à l’écoute pour aider les jeunes à formaliser leurs motions au sein de chaque commission thématique.
À terme, un Programme d’actions sera dégagé à partir des différentes motions. En attendant, le Ministre de l’Environnement Benoît Lutgen, présent à l’Assemblée, souhaite « emboîter le pas » pour qu’un maximum de jeunes wallons participent aux projets présentés. Un engagement qu’il reste à concrétiser, de part et d’autre.
Hélène MORI
Article publié dans la revue Symbioses, n°70
Retrouvez la présentation des groupes, les comptes-rendus des étapes préparatoires et l’actualité du projet sur : www.assembleedesjeunes.be