SUS-CIT pour « Sustainable Cities ». Derrière ces six lettres, un projet mettant en œuvre des approches de développement durable urbain en Europe du Nord Ouest. Dix partenaires participent au projet SUS-CIT, parmi lesquels quatre villes wallonnes, trois françaises et une allemande. Le tout est chapeauté par la Région wallonne et coordonné par l’Union des Villes et des Communes de Wallonie (UVCW).

SUS-CIT, c’est l’occasion pour des mandataires, des élus locaux et le personnel communal de se retrouver autour de la table pour échanger expériences et bonnes pratiques en matière de développement durable urbain. SUS-CIT, c’est aussi la possibilité pour six villes de développer un « investissement pilote ». Et les idées foisonnent: une unité de cogénération dans une piscine de La Louvière, une chaudière aux granulés de bois dans une école publique d’Aix-la-Chapelle, ou encore un pôle de bio-construction du côté de Mouscron. Delphine Goffaux, conseiller au service international de l’UVCW, revient sur les origines et le programme de SUS-CIT.

Comment le projet SUS-CIT a-t-il vu le jour ?

La Région wallonne a constaté des retards à combler en matière de développement durable urbain. Les initiatives existent en Wallonie, mais elles sont ponctuelles ou ciblées. Il n’existe pas de réflexion commune, de politique générale. La Région wallonne s’est intéressée au développement durable urbain en France et en Allemagne. Ces deux pays ont des conceptions différentes, mais leurs deux approches sont plutôt complémentaires.
En 2002, la Région wallonne lançait une mission « Villes durables ». Il s’agissait alors pour une douzaine de communes wallonnes d’élaborer ensemble, avec un consultant, une méthode relative à la mise en place d’Agendas 21 urbains, qui tienne compte tant du contexte que des avancées observées ailleurs. A la suite de cette initiative, quatre villes wallonnes ont souhaité s’inscrire dans un réseau transnational afin de poursuivre et intensifier leur transfert de connaissances dans le domaine, cette fois à une échelle européenne. De cette idée, est né le projet SUS-CIT, pour « Sustainable Cities », projet de coopération transrégionale cofinancé par le Fonds Européen de Développement Régional (FEDER) et réalisé dans le cadre du Programme Interreg IIIB, ENO. Par la suite, l’Union des Villes et des Communes de Wallonie a été sollicitée par la Région wallonne pour s’occuper de la coordination. L’UVCW possède en effet une cellule internationale et du personnel compétent en matière de développement durable.

En quoi consiste le projet et que propose-t-il aux acteurs communaux ?

La philosophie centrale du projet est de favoriser les échanges. Ces échanges ont lieu lors des workshops thématiques, réservés aux partenaires, et de séminaires, ouverts à toutes les communes wallonnes. Les workshops sont relatifs aux investissements pilotes. Quant aux séminaires, ils traitent davantage de questions générales du développement durable urbain. Ces séminaires sont l’occasion pour les participants de toutes communes intéressées de partager leurs expériences.
Le projet SUS-CIT se veut aussi le relais d’autres informations, le site internet consacré au projet (www.sus-cit.org) annonce les évènements de développement durable urbain relatif ou pas au projet SUS-CIT. Le but est de diffuser le plus largement possible l’information liée au développement durable urbain.

Du côté des investissements pilotes, comment ça se passe ?

Six des dix partenaires développent un investissement pilote, financé à 48% par la Commission européenne. Le reste des financements provient le plus souvent de fonds propres. L’idée de base était que les six investissements pilotes soient les plus différents possibles et permettent par l’échange une avancée plus rapide dans les différents domaines.
Par exemple, pour Ottignies – Louvain-la-Neuve, plusieurs questions se sont posées lors du workshop : Comment apporter de la chaleur à plusieurs bâtiments publics en tenant compte des spécificités de chacun ? Pourquoi utiliser de l’huile de colza ? Toute une réflexion s’est mise en place. Une réflexion qui peut aussi servir à d’autres communes.
A noter aussi que chacun des workshops doit produire des fiches techniques contenant les différentes réflexions, les avantages et inconvénients du système adopté. Les autres communes peuvent avoir accès à ces fiches qui seront disponibles sur le site.

En quoi le développement durable urbain joue-t-il un rôle important au sein de la vie communale ? Les communes wallonnes sont-elles réceptives à ce concept ?

Le développement durable urbain est nécessaire pour permettre aux citoyens et aux communes de travailler ensemble sur les différents piliers du développement durable. Le monde communal est par essence celui qui doit mettre en œuvre le développement durable urbain, grâce à ces connexions avec les citoyens et les pouvoirs de plus haut niveau. Les milieux communaux ont le devoir et le pouvoir d’agir pour le développement durable urbain. Ils ont un devoir d’exemplarité à l’égard des autres acteurs de son territoire. Les communes incitent les citoyens et les entreprises locales à modifier leur mode de consommation, elles aussi doivent mener des politiques dans ce sens.
Dans les milieux communaux, même s’il existe un intérêt grandissant pour le développement durable, peu ont intégré ce concept dans leur projet ou leur politique. Une des raisons du peu de motivation actuelle en Wallonie est principalement due à un manque d’information. Des campagnes d’information et de formation aideront à rendre plus concret le développement durable qui reste encore trop souvent théorique. C’est dans cet optique que la Région wallonne (DGATLP) organisera, dans le cadre du projet, deux séminaires-formations pour le personnel communal qualifié qui travail directement sur le terrain.

Un petit mot sur l’exposition « Economie d’énergie = économie d’argent » ?

L’exposition est la seule ouverture vers le public. La commune est tournée vers ses citoyens, il semblait important de s’adresser aussi à ceux-ci. On a décidé de se concentrer sur la thématique « économie d’énergie = économie d’argent ». C’est un sujet qui interpelle le citoyen. L’exposition traite essentiellement de la construction et de la rénovation de bâtiments, mais on y trouve également des petites choses que tout le monde peut faire chez soi. Comment et pourquoi aérer, par exemple. Une partie de l’exposition est aussi composée d’informations concrètes sur les primes et sur les initiatives axées développement durable en Wallonie. Cette exposition itinérante passera chez chacun des partenaires au cours des douze prochains mois.

Quel avenir pour SUS-CIT ?

Initialement, il était prévu que le projet se termine en septembre 2007. Mais il sera probablement prolongé de quelques mois. Parallèlement, on espère une suite au projet, mais avec une ouverture vers toutes les communes. On aimerait aussi ouvrir les projets d’investissements pilotes à davantage de domaines, parce que pour l’instant, ils tournent essentiellement autour des thèmes de l’énergie et de l’éco-construction.

Propos recueillis par Céline Teret

Pour en savoir plus:
Le site internet du projet SUS-CIT: www.sus-cit.org

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