Musique et fête. Deux inéluctables éléments qui rythment les festivals d’été. Mais certains événements vont également plus loin. Ils prônent une démarche durable, tant dans le message qu’ils tentent de véhiculer que dans leur organisation générale. L’exemple avec Esperanzah.
La 5ème édition d’Esperanzah, le festival de musique du monde qui envahit chaque année le magnifique site de l’abbaye de Floreffe, a une nouvelle fois accueilli des milliers d’heureux autour de rythmes hautement festifs, d’ici et d’ailleurs. Au-delà d’un programme musical, Esperanzah, c’est aussi un espace de conscientisation et une réelle démarche organisationnelle dans une optique durable. Inévitablement, petits et grands quittent Esperanzah de la musique plein les oreilles et des idées plein la tête. Détour du côté de quelques-unes des initiatives axées développement durable…
Des jouets récup’ dans la cour des petits
Ça grouille au « Village des enfants ». Les petites têtes, métamorphosées après un bref passage au stand de grimage, s’activent d’un côté à l’autre du Village. Entre les jeux de société géants et les cours de djembé, auxquels prennent part d’ailleurs aussi parents et grands-parents, les petits bouts ne savent plus où donner de la tête. Sur une table disposée dans un coin du Village s’étalent des cartons de jus vides, des bouchons de bouteilles en plastique, de la laine, du papier collant,… Voici l’atelier de fabrication de jouets proposé par l’ONG d’éducation au développement Quinoa. Encadrés par deux animateurs, les enfants s’activent autour de la construction de voitures, d’instruments de musique et autres objets insolites fabriqués à partir de déchets ménagers. « Chaque jour, on est tous confrontés à de nombreux déchets », explique Olivier, bénévole chez Quinoa. « Il est donc important de sensibiliser toutes les générations, et surtout les jeunes, à la récupération. L’atelier de fabrication de jouets permet de montrer aux enfants qu’il est possible de revaloriser les déchets, de leur donner une seconde vie ».
« Eau gratiz » ? Pas vraiment !
Du côté de la « Place aux possibles », associations et ONG occupent des stands aux slogans accrocheurs. Une vraie mine d’or d’informations. Le thème mis au-devant de la scène cette année à Esperanzah : la souveraineté alimentaire. De l’agriculture paysanne durable au commerce équitable, autant dire que les initiatives ne manquent pas. Devant le stand « Eau Gratiz », se pressent quelques festivaliers, une bouteille ou un gobelet à la main. Florence est bénévole au sein de l’asbl Contre la soif, porteuse du projet. « Les trois années précédentes, on demandait aux festivaliers de construire eux-mêmes leur récipient à partir de feuilles de papier. Mais cela causait pas mal de gaspillage de papier. Cette année, on propose une nouvelle démarche : les gens doivent venir avec leur propre verre, gourde ou bouteille. C’est un peu comme la femme dans le Sud qui se rend au puit avec son seau. Le but de cette initiative est de faire prendre conscience aux gens que l’eau n’est pas gratuite, en Belgique et ailleurs. »
Et la démarche de consommation responsable se poursuit dans le « Souk », où sont concentrées les petites échoppes de nourriture et d’artisanat. Agriculture paysanne durable et commerce équitable, ici, il n’y a que ça de disponible ! D’ailleurs, Coca et autres boissons issues des méandres de la mondialisation sont tout simplement bannis des bars, au profit de jus et cocktails équitables.
Collecte des déchets, tout le monde s’y met
Comme les années précédentes, Esperanzah opte pour une décoration haute en couleurs. Tout y passe. Jusqu’aux poubelles du festival, qui ne sont autres que de grands bidons d’aciers sur lesquels semblent s’être égarés quelques pinceaux aux couleurs endiablées. Mais cette année, petite particularité : des poubelles-conteneurs en plastique bleu se sont installées aux côtés des anciennes. Au sommet, trône un panneau indiquant ce que ces fameuses poubelles PMC (bouteilles et flacons en plastique, emballages métalliques et cartons à boisson) peuvent et ne peuvent pas engloutir. Une initiative sous la houlette de Fost Plus, un organisme qui coordonne et finance la collecte sélective et le recyclage des déchets d’emballages en Belgique. « Un changement des mentalités en matière de gestion des déchets s’opère depuis quelques années auprès des organisateurs d’événements », souligne Youri Sloutzky, chargé des relations publiques chez Fost Plus. « Nous tentons de trouver une solution pour canaliser les flux importants de déchets, sans pour autant révolutionner l’organisation du festival. » La vigilance était d’ailleurs de mise à Esperanzah pour ne pas dénaturer le site de l’abbaye de Floreffe.
Dans les coulisses des stands d’exposants, se cache aussi un système de collecte de papiers et cartons. Quant aux gobelets, qui, pour ceux qui l’ignoraient, ne peuvent en aucun cas terminer leur course folle dans le fond d’une poubelle bleue PMC, il a fallu entamer quelques démarches supplémentaires. Youri Sloutzky s’explique: « On a conseillé aux organisateurs du festival de proposer aux fournisseurs de n’amener qu’un seul type de gobelets, afin d’obtenir un flux homogène. Ils ont opté pour des gobelets en polypropylène et tous les fournisseurs ont joué le jeu. » Et pas seulement les fournisseurs : certains festivaliers s’y sont également mis en collectant des gobelets… en échange d’une boisson gratuite. On est en festival, quand même !
La place du développement durable à Esperanzah ne s’arrête pas là. Organisation de covoiturage, facilités d’accès pour les personnes à mobilité réduite, distribution de p’tits déj’ équitables et bio au camping à des prix dérisoires, tarifs hautement préférentiels pour les demandeurs d’emploi,… Comme quoi, l’organisation d’un événement dans une optique durable, c’est possible !
Céline Teret
- Esperanzah, le festival de musique du monde
- L’ONG d’éducation au développement, Quinoa
- L’asbl Contre la soif
- Fost Plus
Pour faire facilement du covoiturage, il y a covoiturage.fr qui propose des trajets en Belgique comme en France ou ailleurs en Europe. Le site vient d’être entièrement modernisé, les voyages sont visibles directement sur une carte, c’est très pratique, et c’est tout gratuit !