Faire réagir les futurs élus face à l’urgence écologique, telle est l’ambition du Pacte écologique belge. Si tous les partis s’accordent sur les objectifs à atteindre, leurs modalités d’action sont évidemment bien différentes…
« Ensemble adressons un signal fort aux candidats », voilà en quelques mots l’objectif du Pacte écologique belge. S’inspirant du Pacte français de Nicolas Hulot, il voit le jour grâce à l’initiative de 10 associations environnementales coordonnées par Inter-Environnement Wallonie (IEW). Le Pacte a pour ambition de faire réagir les candidats quant aux problèmes environnementaux actuels tels que le réchauffement climatique ou les questions énergétiques.
Rédigé par le secteur associatif, le Pacte écologique belge, c’est plus précisément 36 mesures soumises à débat et réunies dans 12 chapitres allant de la santé à la fiscalité en passant l’énergie ou encore la recherche. Pour ce qui est du chapitre « Education », l’ambition du Pacte est de donner à tous l’envie et la capacité de changer. Trois mesures phares sont ainsi proposées pour y parvenir. L’une insiste sur la mise en place de campagnes publiques et permanentes. Une autre mesure souligne la nécessité d’imprégner l’école afin de l’ajuster aux besoins de la crise écologique. Enfin, une troisième proposition vise à développer et mettre en valeur les compétences des acteurs de l’éducation afin qu’ils puissent être des moteurs de changement.
Du côté des partis…
Ces 36 mesures déposées sur la table, au tour des partis politiques de cogiter sur la place de l’environnement dans leur programme. A quelques semaines des élections législatives, ils ont été invités à se positionner au sujet des différentes mesures inscrites dans le Pacte et à faire des propositions concrètes en regard de celles qui leur convenaient. Il ne s’agit donc pas d’un document « clef en main » mais bien une liste d’objectifs auxquels les partis se doivent de proposer des moyens d’action. Afin d’appuyer cette initiative, les citoyens sont invités à exprimer leur soutien en signant le Pacte. À ce jour, il récolte déjà plus de 30 000 signatures de particuliers sans oublier près de 250 entreprises et 370 associations.
Écologie et politique, une association qui soulève des questions…
Précisions de Pascal Delwit, professeur en science politique à l’Université Libre de Bruxelles et directeur du Centre d’étude de la vie politique.
La sauvegarde de l’environnement s’impose de plus en plus comme un thème qui dépasse les clivages politiques. L’écologie ne serait-elle ni de droite ni de gauche ?
L’écologie peut effectivement se retrouver dans toutes les tendances du spectre politique allant de la gauche libertaire au « fascisme écolo ». Dans tous les cas, chaque tendance politique peut avoir un volet environnemental.
Néanmoins il est établi qu’une réponse aux problèmes environnementaux passe par une régulation de l’Etat. Classiquement la gauche est plus régulatrice donc plus en prise avec ces sujets. La droite peut évidemment prendre des mesures écologiques, mais il faut alors qu’elle fasse violence à sa nature plus libérale.
A deux semaines de l’échéance électorale, les représentants des quatre principaux partis francophones ont rendu publics leurs engagements. Le parti Ecolo, le Parti Socialiste (PS) et le Centre Démocrate Humaniste (cdH) ont approuvé les objectifs du Pacte à plus de 90% tout en proposant des mesures divergentes. Le Mouvement Réformateur (MR) n’a quant à lui pas souhaité régir, estimant qu’il fallait considérer l’écologie « dans le cadre global du programme électoral » et non uniquement à travers un « carcan » de 36 mesures purement écologiques.
Chaque parti s’est également soumis à une évaluation de leur projet par un comité représentant les différentes associations partenaires du Pacte. A cet exercice-là, Ecolo obtient la meilleure note avec 80% grâce à des mesures plus concrètes que ses adversaires. Suivent ensuite le cdH et le PS, avec respectivement 55% et 47%. N’ayant pas répondu au Pacte, le MR a été évalué sur la base de son programme et obtient 15%.
S’ils n’ont pas tous apprécié cette « cotation » et ont parfois critiqué la méthode (lire l’explication sur www.pacte-ecologique.be), les partis politiques s’en vont néanmoins donc de belles paroles vertes sous le bras. Reste plus qu’à espérer qu’ils ne feront pas faux-bond à leurs engagements. Les associations partenaires du Pacte resteront en tout cas vigilantes à ce que toutes ces promesses se traduisent en actions concrètes une fois le nouveau gouvernement formé. Une chose est sûre : en surfant sur la vague médiatique suscitée par Nicolas Hulot, le Pacte écologique belge a le mérite de mettre l’écologie sur le devant de la scène politique. Il était temps !
Julie Mandrille
- Site du Pacte écologique: www.pacte-ecologique.be
- Ouvrage « Acte Ecologique.be », éd. Luc Pire, 2007