Le couple « sport-environnement » semble parfois contre-nature. Pourtant, au-delà des apparences, cette équipe-là est faite pour gagner, en audience et en pertinence pédagogique.
« Mens sana in corpore sano » martèle le prof d’éducation physique à ses ados avachis. Comme s’il fallait convaincre de l’utilité de ses deux heures de « cours de gym », coincées entre les maths et les langues. Un esprit sain dans un corps sain : développer le bien-être par la culture et le sport. Puis de ponctuer sa locution par un « pour un environnement sain ». Et de sauter de Juvénal, poète latin du 1er siècle, à Juan Antonio Samaranch, Président du Comité Olympique de la fin du XXe, qui fit de l’environnement le troisième pilier de l’Olympisme au côté des sports et de la culture.
Il était temps, d’ailleurs, de rappeler que les terrains de jeux ne se limitaient pas à quelques lignes blanches, à 18 trous ou à quelques tonnes de macadam. Il y a aussi la forêt et les chemins où courir et rouler, la montagne où grimper et skier, l’eau où nager, pagayer et naviguer. Autant d’espaces à partager. Autant d’espaces menacés, notamment, par le sport lui-même.
Des chiffres qui font mal
Certains riaient (jaune) de « Ski Dubaï », une piste de ski sous dôme plantée en 2005 en plein désert du Moyen-Orient. Aujourd’hui, la Belgique suit le pas. À Maubray, dans une zone d’intérêt écologique du Tournaisis, des investisseurs entendent construire en 2008 « le plus grand centre européen de la glisse », sur 350 hectares : piste de ski intérieure, vague artificielle de surf, palais des glaces, torrents pour le rafting… Consommation estimée (1) : 500.000 m3 d’eau par an (soit la consommation moyenne annuelle de plus de 9.000 personnes), 54 millions de kWh de gaz et 31 d’électricité (de quoi alimenter un peu moins de 9.000 ménages), 21.000 tonnes de CO2 dégagées. Un projet fondé, selon les promoteurs, sur « un concept éveil-nature-sport » !
Autres sports, autres impacts : à Tourrettes, en France, les habitants s’insurgent : l’équivalent de la consommation en eau d’une ville de plusieurs milliers d’habitants est utilisé pour arroser deux golfs de luxe, dans une région soumise à des restrictions pour cause de sécheresse (2). Sur l’Everest, 56.000 bouteilles de bière vides abandonnées ont été ramassées en une année. En Suisse, 11 milliards de kilomètres (10 % de la consommation totale des véhicules privés) sont parcourus annuellement en voiture pour se rendre aux compétitions sportives ou aux entraînements (3).
Une double aubaine
Ces exemples d’une réalité caricaturale nous rappellent qu’il est urgent de sensibiliser les organisateurs et les sportifs pour que, systématiquement, tant les infrastructures que les pratiques prennent en compte l’environnement naturel et humain. Voilà une course de fond urgente à mener pour la planète et les sportifs eux-mêmes. Une double aubaine, aussi, pour les acteurs de l’éducation à l’environnement.
Aubaine d’audience tout d’abord. Car les aficionados du sport sont plus d’un milliard à travers le monde. Les Belges sont 45% à en pratiquer chaque semaine et 13% quotidiennement (4). Jeunes ou vieux, pauvres ou nantis (5). Deux sports de plein air, en contact direct avec l’environnement, occupent le podium : le cyclisme (39% en Flandre et 19% en Wallonie) et la promenade (20 % dans les deux Régions), devant le foot et le fitness. Les motivations ? Pour « sortir de chez soi », répond un concitoyen sur quatre.
« Un sportif dans la nature, c’est quelqu’un qui aime être dehors, confirme Arnaud Dewez, coordinateur du Centre Régional d’Initiation à l’Environnement de Villers-la-Ville, formateur Adeps et guide-accompagnateur en montagne. Nous avons là des gens dont les portes sensorielles sont grandes ouvertes, même s’ils n’en sont pas conscients. Le Vététiste roule dehors par tous les temps, se prend de la boue dans la figure, accepte d’être touché par le milieu et d’y être baigné. Il en va de même évidemment pour les randonneurs, mais aussi pour les grimpeurs ou même les golfeurs. Pour nous, éducateurs à l’environnement, c’est un public de choix. »
Quand l’élite milite
Quand il devient performance ou profession, le sport est rarement un champion de l’environnement. Des pistes de ski aux terrains de foot minimètrés, où la « nature » se travestit comme l’on fabrique un décor, l’essentiel est de battre des records. Sans parler du « sport marketing », où les baskets du petit Belge sont fabriquées par un petit Chinois.
Mais progressivement, à l’image de la société tout entière, le monde du sport de haut niveau semble s’ouvrir au développement durable. Par conscience citoyenne, parce que l’environnement a un impact sur leur sport ou pour soigner leur image. Le Comité Olympique International a ainsi édité un guide de bonnes pratiques et a fait de l’environnement un leitmotiv. Les organisateurs de l’Euro 2008 de football, la Suisse et l’Autriche, annoncent que 70% des personnes voyageant en trafic de proximité devraient se rendre aux matchs avec les transports publics. Dans les stades, des gobelets à usages multipes seront utilisés et les énergies renouvelables seront de mise. Aux États-Unis et en Australie – 2 pays ayant refusé de signer le protocole de Kyoto – les ligues respectivement de base-ball et de football se sont engagées à planter des arbres pour compenser leurs émissions de CO2.
Les VIP de l’élite ne sont pas en reste. Bixente Lizarazu, star française du ballon rond, récemment à la retraite, est devenu le chantre de la cause environnementale. Bob Burnquist, dieu du skate, a fondé l’ONG Action Sport Environmental Coalition, dont le but est de développer une conscience écologique dans l’univers de la planche, du surf et du BMX. Il a fait pression sur les X Games (JO des sports extrêmes), la meilleure audience des chaînes sportives américaines, pour que les manifestations respectent l’environnement.
Même les sports automobiles semblent vouloir passer au vert : Honda a fait de sa formule 1 un support de sensibilisation au changement climatique, la Fédération Internationale de l’Automobile incite à la construction de voitures de compétition « plus propres » et les 24 heures des voitures écologiques sont annoncées au Mans en 2009… Si cela permet de faire passer le message auprès du plus grand nombre, pourquoi pas ? Pour peu que les bonnes pratiques suivent la bonne image. Sinon, attention au tournant.
Tremplin pédagogique
Une aubaine pédagogique aussi. « Intrinsèquement, les formes de découvertes physiques de la nature sont porteuses d’une conscience du milieu complémentaire aux pratiques traditionnelles d’éducation à l’environnement », souligne Jean-Pascal Caillaud, du CPIE Val de Gartempe (France), qui organise chaque année la formation « Sports de pleine nature et éducation à l’environnement ». Un esprit sain dans un corps sain : si l’éducation à l’environnement devait faire sienne cette citation, elle inviterait à cultiver tout autant un esprit passionné, ouvert et critique qu’un corps sensible et éveillé. Pour l’esprit, elle proposerait l’approche cognitive et imaginaire. Pour le corps, elle offrirait du sensoriel et de l’expérientiel.
Pour J-P. Caillaud, la complémentarité saute aux yeux : « Tout d’abord, certaines pratiques sportives comme le canoë, l’escalade ou le VTT permettent de découvrir des milieux différents ou différemment. Cela éveille également à une conscience de notre occupation de l’espace, de notre présence dans l’environnement qui est différente si l’on est à vélo, à cheval ou à pied ». Arnaud Dewez prend la balle au bond : « Tout l’intérêt est de montrer que nous ne pratiquons pas notre sport dans un paysage qui défile. Nous nous fondons dans ce paysage, nous en faisons partie, nous y sommes reliés. Il y a donc une influence de l’environnement et sur l’environnement »
Mariage de raison ?
La consommation du sport et les pratiques sportives ont évolué. Nous allons vers une prise en compte plus large de l’environnement, une meilleure réceptivité. Le sport n’est plus seulement considéré comme une activité physique, mais comme un mode de consommation de l’espace, un mode de relation sociale, un mode de rencontre avec un territoire. « Les organisateurs d’activités sportives comprennent progressivement que la nature n’est pas seulement un terrain de jeu, témoigne Arnaud Dewez. Je suis aussi responsable d’une boîte privée qui propose des randos en montagne. Je m’arrange pour que les gens puissent venir au point de rendez-vous en train, sans quoi je perds ma crédibilité lorsque je parle de la fonte des glaciers… ». Sans oublier d’envahir le terrain des formations : « Pour les moniteurs de randonnée sportive, la formation se concentrait pendant des années sur la physiologie de l’effort, les techniques et un peu de noms de fleurs et d’oiseaux. Depuis trois ans, je leur propose plutôt de prendre de la farine et de l’huile, d’aller dans le fin fond des Ardennes, de récolter quelques herbes sauvages et de préparer de quoi se rassasier. A ce moment là, physiquement, la notion « l’environnement est en moi et je suis dans l’environnement » est perçue. Vient alors l’envie de connaître les noms et le fonctionnement, pour pouvoir partager avec d’autres, pour aller plus loin dans leurs découvertes ». Et de rajouter, un brin provocateur « Si demain un organisateur de randonnées quads (NDLR : motos à quatre roues) vient trouver notre Centre d’Initiation à l’Environnement pour une activité commune, je réfléchirai à deux fois avant de lui dire « oui ». Ne nous privons pas de ce public là.»
Les personnes qui découvrent la nature et celles qui pratiquent des sports de plein air partagent un même espace, le « consomme », ce qui peut générer une sensibilité commune. « Évitons donc de les opposer, martèle J-P. Caillaud. Au contraire, montrons qu’ils peuvent s’enrichir mutuellement de leurs pratiques. La découverte de l’environnement pour les sportifs, et la découverte de la nature « autrement » pour les naturalistes peuvent se retrouver sur un même terrain, celui de la découverte sportive de l’environnement, de l’éducation sportive par l’environnement. Essayons de trouver sur cette petite zone de rapprochement quelles peuvent être les méthodes de découvertes nouvelles, fusions du sport et de l’éducation à l’environnement ».
Christophe Dubois
Article publié dans Symbioses (dossier ‘Sport et Environnement’ – n°75), le magazine d’Education relative à l’Environnement du Réseau IDée
(1) www.iewonline.be, « Le Journal du Mardi » du 26/06/07 et le site de résistance contre ce projet www.c-i-a-o.eu
(2) Journal « Libération » du 18 août 2005
(3) Meier Ruedi (2000): Nachhaltiger Freizeitverkehr (trafic de loisirs compatible avec le développement durable), Rüegger Verlag, Zürich
(4) Tous ces chiffres dates de 2000 et sont issus du COIB. Statistiques complètes disponibles sur http://statbel.fgov.be
(5) Les 15-24 ans et les 60-75 ans comptent dans leurs troupes le même pourcentage de personne pratiquant une activité physique légère : 45%. Plus le niveau d’instruction et de revenu est élevé, plus la pratique du sport est fréquente, mais la différence reste peut marquée.
(6) www.olympic.org > le mouvement > missions : promouvoir le développement durable
Bonjour Mr Le Président,
J’ai le plaisir de vous envoyer ce mail depuis le Burkina Faso, ouest afrique. Aprés avoir visiter votre site je vous encourage de ce que vous faite pour les enfants dans le domaine du sport. Je profite de cela vous sollciter votre soutien pour organiser ces genres de manifestations au Burkina pour nos enfants défavorisés et autres enfants qui adore le sport et qui n’ont pas les moyens pour le pratiquer.
Je voudrais si possible que votre ONG soit au Burkina Faso pour mener a bien les nobles actions. Je voudrais solliciter un partenariat ou etre un de vos collaborateur, ou relais local pour developper vos objectifs en Afrique.
Merci et je reste à votre écoute
Harouna KABRE
Bonjour, voici ma questions. Merci de me repondre aussi rapide.
Combien de pourcentages des gens font de l’escalade dans le monde?