« Si nous réorientons notre mode de développement lourdement matérialiste et si peu préoccupé d’équité et de progrès humain, le scénario catastrophe peut être conjuré» postule Jean-Marie Pelt dans son nouveau livre. Résolument optimiste, il y dresse un inventaire impressionnant d’expériences en développement durable menées dans quelques endroits du monde, et plus particulièrement en France. Et qui ont fait leur preuve.
Optimiste, mais lucide, au regard des épreuves sévères que la vie sur terre a connues par le passé et qu’illustre le scientifique. Lucide, mais confiant en la résilience de l’être humain, autrement dit, sa capacité à surmonter les épreuves qui auraient pu le briser.
Avec des exemples de ce que l’on fait de mieux dans les domaines de l’énergie, de la construction, des transports, des déchets mais avant tout en alliance avec la nature, Jean-Marie Pelt nous prouve que cette résilience sociale est bien réelle. Irrigation au goutte-à-goutte, dessalage de l’eau de mer, dépollution à la source via des jardins filtrants… autant de solutions douces pour eaux douces ; protection et valorisation de la biodiversité avec la participation des autochtones en Nouvelle Calédonie ou garantissant la sécurité alimentaire des populations au Mozambique ; stockage de semences en Norvège ; reverdissement du Sahel via des systèmes ingénieux ; retour à la prairie et fin du mais/fourrage pour les vaches bretonnes ; pratiques révolutionnaires dans la culture du riz à Madagascar ; ethnopharmacologie dans les jardins de pays pauvres, élaboration scientifique d’un « scénario négawatt » qui pourrait réduire d’ici 2050, notre consommation d’énergétique de 50% et qui répond à la question « Comment mieux consommer l’énergie avant de décider d’en produire plus ? » ; villes modèles en Europe pour leur politique en matière de transports, pays du Nord ou du Sud, champions en écologie ou en biocarburants, organisme d’économie sociale…
Mais rien n’est parfait, comme le souligne l’auteur, même à Fribourg, où les cyclistes à qui appartient désormais la ville, renversent les piétons, tandis que certaines inventions révolutionnaires doivent encore trouver les moyens de leur fabrication. Et il faudra également composer avec un lobby nucléaire qui se sent pousser des ailes puisqu’il ne produit pas de gaz à effet de serre. Impossible aussi en guise d’épilogue, de ne pas éluder la question d’une « croissance infinie sur une Terre infinie ».
Plus qu’une simple énumération de projets et très bien documenté, cet ouvrage passionnant séduira tous les publics.