Pourquoi dépenser plus quand on peut consommer mieux ?Gestes pratiques

13 novembre 2008

Pourquoi dépenser plus quand on peut consommer mieux ?La perte du pouvoir d’achat est sur toutes les lèvres. Mais qu’est ce que « le pouvoir d’achat » ? En simplifiant, on peut dire que c’est le fait de pouvoir acheter la même chose d’une année à l’autre. La solution pourrait être dans l’énoncé du problème… Acheter la même chose. Pourquoi ne pas plutôt essayer d’acheter autrement ? Rencontre avec une famille qui expérimente l’éco-consommation au quotidien… aussi pour des raisons économiques !

Eric, Nadia et leurs deux enfants habitent en Wallonie et disposent d’un revenu mensuel net d’environ 2.500 € (allocations familiales et remises d’impôts comprises).
Ils vivent « normalement », sans excès mais sans privation non plus. Pour boucler leur budget, pas de magie mais plutôt quelques astuces et surtout un mode de vie au sein duquel le « consommer moins et mieux » a toute sa place.

A les voir vivre, c’est sûr, adopter des gestes simples et respectueux de l’environnement peut booster notre pouvoir d’achat !

Nadia, comment faites-vous vos courses, choisissez-vous vos produits ?

« Au supermarché je ne m’attarde pas et je n’achète que ce dont j’ai besoin. J’ai mes produits phares : papier toilette recyclé, lessive écologique etc… que j’ai appris à repérer grâce aux labels et logos me renseignant sur l’impact environnemental des produits ».

Pour le nettoyage de la maison, Nadia se limite à l’achat de 3 produits : du vinaigre, du bicarbonate de soude et un nettoyant universel. Ces produits sont respectueux de la santé et de l’environnement et sont efficaces. En outre, 1 litre de vinaigre coûte moins d’1€ alors qu’un nettoyant vitres coûte de 4 à 7€ le litre.

« J’essaie aussi de ne pas me faire avoir par le marketing : je regarde toujours les prix au litre ou au kilo pour pouvoir comparer réellement ». C’est vrai, on peut économiser plus de 10€ par kilo de café, en l’achetant en paquet plutôt qu’en dosettes. De plus, en choisissant de grandes quantités on réduit les emballages. Tout bénef’pour la planète !

Y a-t-il des choses que vous n’achetez pas ?

« Nous évitons au maximum les produits jetables. C’est vraiment du gaspillage et, au bout du compte, très cher. Par exemple, on gagne de l’argent à chaque fois que nous n’achetons pas de mouchoirs en papier. »

Pas de bouteilles d’eau non plus dans le caddie de Nadia : la famille boit l’eau du robinet. Et elle a raison, c’est l’exemple type du geste facile qui permet d’économiser énormément. Tout en évitant de nombreux déchets, on peut économiser plus de 250€ par an et par personne en buvant de l’eau du robinet. Eric et Nadia l’ont testé pour vous !

En jetant moins vous économisez également…

« Du fait d’acheter du frais, du réutilisable, du non emballé, nous jetons beaucoup moins ! Non seulement, j’économise sur mes achats mais aussi sur mes sacs poubelles ».

Une étude de l’Ademe (Agence Française pour la Maîtrise de l’Energie et l’Environnement www.ademe.fr) a montré qu’un acte d’achat réfléchi permet de réduire de 50% la production de déchet du foyer et d’économiser 50€ par personne et par mois. Pour cela, il suffit de penser à des choses simples comme éviter les miniportions, le suremballage et certains conditionnements. Par exemple, la famille utilise de gros savons pour la douche au lieu de gels douche. C’est en effet très avantageux : de 30 à 60€ d’économies par an.

L’alimentation représente 15% du budget des ménages.

Avez-vous des trucs pour manger bon et pas cher ?

« Nous allons au marché le dimanche où nous trouvons tout ce dont nous avons besoin ou presque. De petits producteurs (bio pour la plupart) : un crémier fromager, un boulanger et un boucher. Du coup, en famille, en une fois et sans aucun stress, nous effectuons la totalité de nos courses alimentaires de la semaine. Le bonheur !!! ». Le gain de temps est non négligeable quand on a deux enfants et, faire des courses un moment agréable, est un vrai challenge.

Eric et Nadia ne sont pas des « pros » de la cuisine mais font des efforts pour offrir à leurs enfants de bons petits plats. Des petits pots pour bébés « faits maison » reviennent 9 fois moins cher. Plus généralement, Eric et Nadia ont remarqué que les mois où ils cuisinent beaucoup ils s’en sortent mieux.

« Pour les légumes nous passons par un système de panier bio. Cela nous convient car ces produits sont sains et ont du goût. Les enfants peuvent aussi apprendre naturellement les saisons de production des légumes ». Nadia ajoute : « Ce que nous aimons avant tout dans ce système, c’est que cela permet de soutenir directement les petits producteurs locaux. Je ne pourrais jamais trouver en supermarché des produits qui satisfont à tous ces critères! » Le panier revient à 20 € de fruits et légumes par semaine à la famille. Les systèmes d’achats groupés permettent en général d’économiser de l’ordre de 10 % par rapport au prix du marché.

Les enfants impliquent des dépenses parfois importantes : langes, vêtements etc… Comment faites-vous ?

« Depuis la naissance de notre aînée, nous utilisons les langes lavables. Ce qui m’importait surtout était le bien-être de mon enfant. J’étais très inquiète des produits chimiques contenus dans les langes jetables ».

Financièrement, calculs à l’appui, Nadia a fini par convaincre Eric. « L’investissement de départ a été de l’ordre de 600€, que nous avons allégé en intégrant cet achat à notre liste de naissance. En revanche, à l’usage nous avons économisé beaucoup d’argent et, bien sûr une tonne de déchets. De plus, pour le deuxième bébé, tout était prêt ! ».

Selon une étude menée par Bruxelles Environnement en 2007, utiliser des langes lavables peut permettre d’économiser jusqu’à 575€ dès le premier enfant. Le gain est encore plus important si l’on réutilise les langes pour un second ou un troisième enfant.

Vos enfants débordent d’énergie.
Justement, comment faites-vous pour maîtriser vos factures ?

« Nous sommes très attentifs à notre consommation d’énergie. Le prix du kWh augmente actuellement, alors il n’y a pas d’autre choix que de traquer les gaspillages ». En effet, cette chasse au gaspi peut nettement réduire la facture énergétique. L’expérience menée par 2000 ménages bruxellois les 3 dernières années l’a montré. En moyenne, les ménages participants ont réduit leur consommation annuelle de 20%, soit une économie de 400€ et de 1,25 tonnes de CO2. Tout cela sans perte de confort, et grâce à des petits gestes.

Eric a assisté à une conférence sur les économies d’énergie il y a deux ans, il a appris que s’il baissait son chauffage de 20 à 19°C, il économisait 7% de sa facture. C’est le cas depuis. « Les chambres restent à 16°C la nuit, même celles des enfants. Et nous coupons systématiquement lorsque nous nous absentons. » Il ajoute : « Grâce à tout cela, et malgré l’augmentation du prix de l’énergie, nous avons encore réduit notre facture l’an dernier».

Et les factures d’eau ?

Tout comme les kWh, chaque litre d’eau économisé est un litre d’eau en moins à payer ! « Le plus dur pour nous est de réduire le nombre de bains. Nous sommes bien conscients de la dépense que cela occasionne mais nous avons encore du mal à y résister. Les enfants ont du hérité cela de nous ». Alors, Eric et Nadia compensent en réduisant le débit de la chasse d’eau : une économie de 30 à 40m3 par an pour la famille de 4 personnes. Sachons aussi qu’une simple fuite de robinet peut coûter cher. Par exemple, un robinet qui goutte gaspille 4litres/heure soit 35m³/an et donc près de 80 €.

Eric et Nadia ont demandé à leur propriétaire, à l’occasion d’une réparation, d’installer un pommeau de douche équipé d’un stop douche. Ce petit investissement représente 225€ en moins sur la facture d’eau annuelle de la famille.

Avec l’augmentation des carburants, vous bougez différemment aussi ?

Pour les trajets quotidiens, chacun fait selon son confort. Eric est par exemple devenu adepte du vélo. Pour les petits trajets, il enfourche sa bécane et ne s’en porte pas plus mal: plus rapide, bon pour la santé et surtout beaucoup plus économique car totalement gratuit. Il a décidé depuis la rentrée d’initier sa fille aînée et fait les trajets aller-retour à l’école avec elle. On sous-estime souvent l’impact budgétaire de ce type de mobilité : 1 km parcouru en voiture en moins par jour peut engendrer jusqu’à 100€ d’économies par an.

« En discutant avec des amis, nous avons découvert les voitures partagées. Nous y réfléchissons. Cela nous permettrait d’éviter les frais d’assurance, entretien etc. de notre véhicule… ».

Ce week-end la petite famille prendra la voiture pour aller voir grand-mère, mais en éco-conduisant. En effet, une conduite agressive peut engendrer jusqu’à 40% de surconsommation, soit 4 litres gaspillés aux 100km.

Vous mettez en œuvre de nombreuses solutions.
Quels conseils donneriez-vous afin de se libérer du pouvoir d’achat ?

« On ne prétend pas pouvoir donner des conseils ! Nous n’avons pas du tout l’impression de détenir un savoir particulier. C’est à la portée de tous. A chacun d’inventer cela en fonction de son mode de vie et de ses contraintes. Notre leitmotiv à nous, reste surtout la simplicité ! ».

SAINplicité et économies font bon ménage !

Si on fait le compte, la conclusion est sans appel. Les petits gestes font de grandes économies à la fin de l’année. Il n’est pas nécessaire d’être riche ou bobo pour s’offrir le luxe de mieux consommer !

« Faire sa part » pour la préservation de la planète tout en conservant un confort pour sa famille, c’est possible ! On peut appeler cela de l’astuce, de l’inventivité, de l’ingéniosité, de la disponibilité ou de l’éco-consommation… Comme on veut, l’important est que ça marche !

Article rédigé par Lise Frendo, dans « L’art d’éco…consommer! » la newsletter du Réseau Eco-consommation (n°42, novembre 2008)

Pour en savoir plus:

  • Dossier « Eco-consommer pas cher » du Réseau Eco-consommation : www.ecoconso.be ou 081 730 730

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