Pellets, thermique et photovoltaïque : l’investissement vert de Gérard et VivianeGestes pratiques

20 avril 2009

valeriane-photovoltaiqueLes chaudières à pellets sont de plus en plus appréciées, en ce qui concerne le chauffage au bois. Place à un cas concret d’utilisation réelle par des particuliers. Gérard Frippiat et Viviane Rasquin nous ouvrent les portes de leur splendide maison installée dans l’ancien moulin de Balâte et qui dispose aussi d’une installation solaire thermique et photovoltaïque.

« En fait, c’est ma femme qui est propriétaire de la maison, annonce d’emblée Gérard Frippiat. Elle l’a achetée en 1979 et cela fait donc à peu près trente ans que nous faisons des travaux… Nous avions une grosse famille, à l’époque, mais maintenant nos six enfants sont à peu près tous partis. Ce sont nos petits enfants qui commencent à revenir au moment des fêtes. »

Certaines parties de la maison datent du XVIIe siècle et l’épaisseur des vieux murs laisse supposer une inertie thermique importante. « Les anciennes remises ne sont pas habitées, précise Gérard Frippiat. Elles sont quasiment dans l’état où nous les avions trouvées. Une grosse partie de l’ancienne machinerie du moulin est toujours intacte, ainsi que les meules de pierre… Il y a toutefois peu de chances pour que le moulin re-fonctionne un jour ou l’autre car le cours du ruisseau qui donnait sa force motrice a été détourné d’un dizaine de mètres. Quand le moulin était encore en état de marche, le ruisseau passait carrément sous les dépendances… »

Une consommation plus élevée que prévu

Gérard raconte ensuite que c’est une conférence de Vincent Golard, organisée par la section locale d’Ecolo, qui a achevé de les décider, Viviane et lui, à opter pour la chaudière à pellets. « Bien sûr, je n’ai encore que deux années de recul, dit-il, et je voudrais attendre d’avoir quatre ou cinq hivers derrière moi afin de pouvoir établir des moyennes de consommation plus exactes. La théorie veut que deux tonnes de pellets équivalent à mille litres de mazout. Avec notre ancienne installation, nous consommions trois mille litres de mazout par an environ. Nous nous attendions à ce que l’installation de la chaudière à pellets, couplée à celle de panneaux solaires thermiques permette une économie d’à peu près un tiers. Nous aurions donc dû passer à l’équivalent de deux mille litres de mazout, soit quatre tonnes de pellets. Pour le moment, nous sommes plutôt à huit, ce qui est peut-être un peu beaucoup. Huit tonnes en pile un an, pratiquement de Noël à Noël ! Je dois évidemment préciser que nous chauffons tout le temps, même pendant la nuit. Nous avons donc un confort de chaleur beaucoup plus important. D’autres phénomènes peuvent également intervenir : normalement l’été, la chaudière ne se met jamais en route car il doit y avoir assez de soleil pour chauffer l’eau avec les panneaux solaires thermiques. Mais, pour peu qu’on prenne plusieurs bains de suite, la chaudière risque d’être appelée à compenser légèrement… »

L’hiver, particulièrement rigoureux, de ce début d’année, n’a évidemment pas contribué à diminuer la consommation de pellets de Gérard et Viviane. De plus, un malencontreux problème de fournisseur s’est posé au plus mauvais moment. « Mon fournisseur m’a soudain appris qu’il ne faisait plus les pellets, lance Gérard ! J’ai donc dû passer commande à un ancien fournisseur qui m’a annoncé qu’il avait aussi des problèmes d’approvisionnement et me fait patienter depuis lors… Tout cela, juste au moment où on a battu des records de froid : moins 22°C dans la région de Gembloux, à une dizaine de kilomètres d’ici. Il faisait encore moins 15°C dimanche matin, à tel point que le fuel de ma voiture a gelé ! »

Une démarche écologique, avant tout…

valeriane-pellet.jpgGérard a donc dû se résoudre à acheter des pellets en sacs. « Le bon côté de la chose, dit-il, c’est que, pour le moment, je vois exactement ce que je mets dans la chaudière. Sur les trois dernières semaines – du 23 décembre au 12 janvier – , nous avons brûlé pratiquement une tonne de pellets ! Ce sont des sacs de quinze kilos et j’en ai mis soixante-cinq… »

Brûler des pellets, plutôt que des énergies fossiles, reste cependant avantageux, même si, à l’heure qu’il est, le prix du mazout a beaucoup baissé. « Le coût des carburants est redevenu sensiblement le même, affirme Gérard ! Le mazout est même passé dernièrement sous la barre des cinquante centimes, ce qui fait cinq cents euros pour mille litres et équivaut à deux grosses tonnes de pellets. Lors de dernière commande que j’ai passée, j’ai payé la tonne de pellets au prix de 205 euros, plus 6% de TVA, soit 217… Un coût à peine inférieur à celui du mazout. Bien sûr, au mois de septembre, le litre de mazout était à peu près à un euro, ce qui posait le problème tout différemment. Mais on ne sait évidemment pas prévoir ce qu’il va advenir du prix du mazout qui va peut-être repartir à la hausse d’ici un an ou deux… Le prix des pellets sera sans doute plus stable, même si je connais un fournisseur d’Eghezée – à vingt kilomètres d’ici – , un des rares qui soit déjà équipé d’un camion souffleur. Il compte environs 250 euros la tonne, contre les 217 de mon fournisseur habituel qui vient pourtant de la frontière allemande… »

Mais Gérard et Viviane aiment évidemment rappeler que leur démarche n’était pas seulement financière, mais qu’elle était avant tout écologique. « On considère généralement, rappelle Gérard, que le CO2 produit par la chaudière est celui qui a été consommé par le bois pour grandir. Le bilan est donc nul. Et puis, du mazout, je ne sais pas si c’est aussitôt qu’on le dit, mais bientôt il n’y en aura plus ! Alors que du bois, en principe, il y en aura toujours, aussi longtemps du moins que la terre existera et qu’on ne vivra pas dans un désert total… »

Très satisfaits en dépit de petits pépins

Originalité de l’installation : le silo est assez éloigné de la maison et les pellets sont acheminés par un aspirateur, plutôt que par une vis sans fin qui aurait dû être beaucoup trop longue… Cet aspirateur est constitué de deux petits moteurs qui se mettent en route automatiquement quand la chaudière doit être alimentée ; le premier se trouve en dessous du silo et l’autre au dessus du réservoir de la chaudière. Ce réservoir peut contenir une cinquantaine de kilos de pellets qu’une petite vis amène ensuite au brûleur alors que dans la plupart des cas, c’est une grande vis qui va directement du silo au brûleur. « En temps normal, dit Gérard, la chaudière tire des pellets une fois par jour, à un moment programmable de la journée pour éviter tout bruit intempestif au beau milieu de la nuit. »

Globalement satisfait de sa belle installation, notre hôte se souvient pourtant de l’un ou l’autre petit pépin. « J’ai dû par exemple, se rappelle Gérard, faire revenir l’importateur pour un simple petit réglage électronique qui était mal fait, mais, depuis lors, il n’y a plus eu aucun problème. Les chaudières modernes sont devenues des machines extrêmement sophistiquées. Mais cela permet souvent de se dépanner soi-même neuf fois sur dix. Bien sûr, avec ma vielle chaudière à mazout, je réparais également moi-même quant le gicleur était bouché, mais c’était un sale boulot alors que, maintenant, quelques petites manipulations électroniques sur la chaudière suffisent. Je me souviens d’ailleurs que, le jour même où nous avons mis pour la première fois la chaudière en marche, le programmeur informatique n’arrêtait pas le chauffage. Normalement, à dix heures, il devait passer au ralenti mais la chaudière continuait à chauffer. C’était simplement le programmeur qui était défectueux et il a fallu le remplacer. Il nous est aussi arrivé qu’un pellet trop grand bloque le tuyau d’arrivée au réservoir de la chaudière. Tout s’accumulait derrière lui et la chaudière se coupait car elle avait beau demander à être réalimentée, rien ne venait. L’installateur ne trouvait pas la panne alors qu’il s’agissait d’un simple problème mécanique qu’il n’a évidemment pu découvrir qu’en retirant le tuyau d’alimentation… »

Bien sûr, le système a aussi de nombreux avantages. Les pellets produisent, par exemple, fort peu de déchets. « Normalement, précise Gérard, on vide le cendrier à peu près deux fois par an. Mais, dans des périodes de surconsommation – comme celle que nous vivons actuellement – , il peut être nécessaire de le faire plus souvent. De plus, je pense que les pellets en sac font plus de cendre ; ils sont souvent d’une qualité inférieure de ceux qui sont livrés en vrac. Il peut y avoir aussi d’importantes différences de prix… »

D’imposantes surfaces de panneaux solaires

Gérard et Viviane disposent également d’une superbe installation solaire, thermique nous l’avons dit mais aussi photovoltaïque. « Nous avons 15,20 mètres carrés de panneaux solaires thermiques, précise Gérard. Quant au photovoltaïque, qui fonctionne seulement depuis le 6 mai 2008, il permet de rencontrer une consommation habituelle d’à peu près 6.000 kW/h. Nous avons voulu éviter de produire plus que ce que nous consommions car, si Electrabel rachète l’excédent, c’est à un prix bien inférieur à ce que le consommateur moyen leur paie… Nous avons quarante-huit panneaux photovoltaïques pour une surface totale de 61,50 mètres carrés. Et comme les panneaux thermiques avaient été installés plein sud et qu’il n’y avait plus de place sur ce pan de toiture, les panneaux photovoltaïques sont orientés au sud-ouest. Nous avons donc estimé qu’il était nécessaire d’en mettre un peu plus. Au départ, nous avions opté pour deux « suiveurs » de quinze mètres carrés ; ce sont des panneaux très efficaces qui s’adaptent eux-mêmes à la course du soleil, tant dans le sens est-ouest que dans le sens nord-sud, puisque le soleil est également beaucoup plus bas en hiver. Malheureusement, le fabricant a momentanément arrêté la production des petits modèles destinés aux clients privés ; de plus, un permis d’urbanisme était indispensable si nous les installions dans le jardin car nous nous trouvons dans une zone protégée. Nous avons donc décidé d’installer ces panneaux sur le toit, à un coût, fort heureusement, à peu près similaire. »

Ainsi s’achève notre visite au moulin de Balâtre, devenu la jolie maison de Gérard et Viviane. Par la grâce de technologies vertes toujours plus performantes, pellets et photovoltaïque y ont pris le relais de l’énergie ancestrale du ruisseau qui faisait tourner la roue… Tout fait farine au bon moulin !

Dominique Parizel et Hamadou Kandé, Nature & Progrès Belgique
Article publié dans la revue Valériane (n°76 – mars/avril 2009) de Nature & Progrès

3 commentaires sur “Pellets, thermique et photovoltaïque : l’investissement vert de Gérard et Viviane”

  1. DISTRIPELLET dit :

    Bonjour, je viens de lire votre article. Nous sommes distributeur de pellets en sac et en vrac. Nous disposons d’un camion souffleur avec aspirateur et système de pesée agréé par la métrologie. Si vous le souhaitez nous pouvons vous faire une proposition pour vos livraisons de pellets. Salutations

  2. FRIPPIAT dit :

    J’habite à Marche-en-Famenne, je suis originaire de Florennes. Mes ancêtres proviennent de Braibant ( près de Ciney ) . J’ai fait installer aussi des panneaux thermiques ( 5 m2 ) et des photovoltaïques ( 16 m2 soit 2200 wc ) . Je suis intéressé par l’origine de la famille Frippiat et ainsi que par les nouveautés en matière d’énergie verte.

  3. Michel B dit :

    Passionnant ! Merci beaucoup