Ingénieuse adaptabilitéClés pour comprendre

6 août 2009

sarah-fermemonceauDepuis sept ans, Sarah Biebuyck est animatrice à la Ferme du Monceau, une ferme d’animation adaptée aux handicaps. Cette ergothérapeute et psychomotricienne a également suivi une formation de guide nature et d’apicultrice, tant par intérêt personnel que professionnel. C’est avec cœur qu’elle raconte son métier d’animatrice.

« Nous accueillons des écoles et institutions pour un jour ou une semaine tout au long de l’année. Notre projet principal est d’accueillir les personnes en situation de handicap et de favoriser leur intégration. Nous tenons également à sensibiliser les enfants à la différence, en organisant des séjours où enfants valides et handicapés se côtoient.

Prendre le temps d’être en contact avec la ferme, la nature et les personnes qui nous entourent pour découvrir par soi-même les bénéfices de ces liens retrouvés est le fil conducteur principal de mon travail. Vivre et travailler avec la nature qui nous nourrit, nous apporte abri, eau et oxygène est pour moi une valeur première. Prendre le temps d’observer notre environnement, de le soigner. Rendre le temps au temps, refaire le lien entre travail, patience et produits que nous offre la nature me semble très important dans notre société de consommation où le « je veux, je prends » parait être une évidence.

Au quotidien à la ferme, les enfants profitent d’un site exceptionnel dans la campagne ardennaise où se mêlent pâtures, réserve naturelle et bâtiments d’époques. Chacun s’occupe des animaux et prend le temps d’échanger quelques caresses. On regarde les mères s’occuper de leurs petits, on s’interroge à propos des querelles entre animaux, on observe. Chacun peut traire un peu de lait à la main, faire son pain, son beurre. On se rend compte que le fromage est fait à partir du lait et qu’il faut beaucoup de temps pour qu’il se fasse. Les enfants travaillent au potager, y récolte de bonnes choses et cuisinent de délicieux petits plats. Ils observent les abeilles et goûtent le bon miel (merci les fleurs). Ils découvrent le village à dos d’ânes, en poneys ou en calèche…Plus rarement, les groupes partent à la découverte de la mare ou de la forêt.

Toutes ces activités permettent à chacun de vivre des moments extraordinaires de découvertes et de plaisir. Lorsque les enfants ont du plaisir à faire une activité, à passer du temps dans un certain environnement, ils comprennent mieux ce qui les lie à cet environnement, ils en prennent soin et le respectent.

Vivre tout cela avec des personnes porteuses de handicaps, c’est prendre le temps de découvrir ce qui pourra être épanouissant pour eux et trouver comment y arriver. Chacun est différent et la multitude des handicaps demande une adaptabilité constante. Tout d’abord, il faut qu’ils puissent physiquement accéder à un endroit (étable, prairie, forêt…). Nous aménageons donc au mieux chaque espace. Il faut également leur donner la possibilité de faire le geste qui permet de pétrir, laver la laine, déterrer un poireau… Ici, l’ingéniosité est de mise : des idées pêchées à gauche et à droite, beaucoup d’adaptabilité mais surtout une disponibilité physique – prêter son bras, ses jambes ou ses yeux pour faire ensemble. Pour certains, l’attention sera portée sur le fait de trouver le bon moment pour proposer quelque chose, trouver la porte d’entrée la plus judicieuse pour arriver à dépasser une crainte. Un tel s’intéresse au grain qui coule dans le récipient, l’autre aime sentir le souffle de l’animal sur lui, le troisième est motivé par tout ce qui se mange et un autre ne sera à l’aise qu’en présence de son animateur référent.

Pour pouvoir proposer des activités adaptées à chacun, il faut bien entendu un encadrement de qualité, des personnes attentives, respectueuses, expérimentées et créatives. Il faut aussi une formation de base et une capacité à entrer en relation et à communiquer, autant avec les bénéficiaires qu’avec leurs accompagnants.

Les personnes travaillant dans ce secteur sont en général très motivées mais financièrement, ça coince : la participation financière des personnes handicapées est la même que pour tous mais l’encadrement nécessaire et l’infrastructure doit être de loin supérieure… Nous ne laissons pas tomber pour autant. Acharnement, entraide et bouts de ficelles finissent par avoir le dessus sur les difficultés financières.

Retenons surtout les beaux moments vécus à la ferme. Les fous rires lorsque Félix bascule de sa chaise en essayant de cueillir les petits pois, le voilà les quatre fers en l’air dans la verdure. Retenons le sourire ravi de Noémie allongée dans la prairie, les chèvres naines l’escaladant. Imaginez la photo de classe dans l’étable, toutes ces figures épanouies avec leur belle moustache de lait tout frais. »

Témoignage récolté par Céline Teret dans le cadre du dossier « Porteurs d’ErE : ces métiers qui portent l’éducation à l’environnement » de Symbioses (n°83 – été 2009), magazine du Réseau IDée

En savoir plus:

Ferme du Monceau (Vaux-sur-Sûre) : 00 32 (0)61 25 57 51 – www.fermedumonceau.be

Un commentaire sur “Ingénieuse adaptabilité”

  1. timmy dit :

    salu sara sa va biun et mersi et bizou