« Ce n’est pas parce que l’on est analphabète qu’on n’est pas interessé par le monde! » confie Siham, l’une des participantes assidue aux « ateliers du mardi ». Alors qu’il est difficile pour les adultes de reprendre des études ou d’obtenir un diplôme, il est important qu’existent des lieux où l’on s’interroge sur les grandes questions d’actualité ou de société. C’est le cas à l’Université Populaire de Bruxelles. Créée dans la lignée de l’UP de Paris, cette université basée à St-Gilles a pour mission l’éducation permanente, via notamment les « ateliers du mardi ».
L’objectif de ces ateliers hebdomadaires de 4 heures est de donner avant tout un outil de réflexion, de compréhension du monde aux personnes qui n’ont pas eu la chance d’avoir une formation de base. « Pour l’édition 2009-2010, nous avons choisi comme thème: Comprendre les grandes crises de notre société », précise Aan Loontjens, l’une des animatrices des ateliers « Crise financière, du logement, de l’école, du quartier… toutes ces crises touchent le quotidien des personnes qui viennent ici. Plutôt que de subir le monde, on tente de le faire mieux comprendre ».
A la mode de l’éducation populaire version Paulo Freire, le pari est que ces hommes et ces femmes prennent conscience des mécanismes qui les oppriment, et trouvent les outils de leur émancipation. Ces mécanismes, ils les vivent en effet au quotidien: un des enseignements les plus inégalitaires au monde, un système économique qui ne fait que creuser le fossé entre riches et pauvres, un accès au logement difficile, etc.
Issus de l’immigration ou non, ces personnes sont en quête de connaissances et d’alphabétisation. Ils viennent aux ateliers pour comprendre l’actualité, en débattre, développer leur esprit critique, s’intéresser à la vie citoyenne et politique. Mais aussi le comportement à adopter face aux médias. Bref, pour participer.
Outre les animateurs issus de l’associatif, des intervenants extérieurs spécialisés – selon le thème abordé – animent également les ateliers, sous forme de jeux de rôles, participatifs, plutôt qu’un simple cours théorique de quatre heures.
Aux ateliers, les origines différentes se côtoient: siciliennes, nigérianes, marocaines, belges… Ce qui rend la communication parfois difficile, dû à la barrière de la langue ou parfois à une certaine timidité, « mais toujours dans la bonne humeur » souligne Joëlle Dugailly, une autre animatrice. « Les gens viennent ici eux-mêmes, ils sont très volontaires et assidus. Ils ont vraiment envie d’apprendre! »
Matthieu Hellin
La récente étude de l’UCL sur l’inégalité scolaire
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