La politique de l’oxymore

12 avril 2010

Cet essai philosophique part d’oxymores pour développer son propos, celui de l’urgence écologique. Pour rappel, un oxymore est une figure de style qui consiste à associer dans une même expression deux notions opposées. « Développement durable » est le plus souvent pointé du doigt, mais aussi « moralisation du capitalisme », par exemple.

Les démocraties modernes possèdent-elles les ressorts nécessaires pour prévenir et affronter la catastrophe écologique due au réchauffement climatique? Comme l’explique Bertrand Méheust, ce n’est pas de l’écologie libérale et du « développement durable » que viendra la réponse: ces discours consistent à graver dans l’esprit du public l’idée que l’écologie est compatible avec la croissance et même mieux qu’elle la réclame afin de masquer l’incompatibilité entre la société globalisée dirigée par le marché et la préservation de la biosphère.

Un univers mental ne renonce jamais à lui-même si des forces extérieures ne l’y contraignent pas. Le système a saturé tout l’espace disponible et est à l’origine de tensions de plus en plus fortes. Pour les masquer, ceux qui nous gouvernent pratiquent la politique de l’oxymore. Forgés artificiellement pour paralyser les oppositions potentielles, les oxymores font fusionner deux réalités contradictoires: « développement durable », « agriculture raisonnée », « marché civilisationnel « , « flexisécurité « , « moralisation du capitalisme », « mal propre », etc. Ils favorisent la destruction des esprits, deviennent des facteurs de pathologie et des outils de mensonge. Plus l’on produit d’oxymores et plus les gens sont désorientés et inaptes à penser.

Cet essai dénonce et opte pour un ton plutôt pessimiste face aux défis écologiques (« La question n’est plus de savoir si le choc aura lieu, elle est d’évaluer sa violence »). Vous trouverez de quoi alimenter vos réflexions sur ce qui ne tourne pas rond, mais pas de quoi construire des pistes d’action.

« La politique de l’oxymore », B. Méheust, éd. La Découverte, 161p., 2009. 12€

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