Là où le développement durable fait parler de lui partout, tout le temps, cet ouvrage s’interroge : à qui profite-il ? Aux entreprises et aux ONG, très certainement, tant le business environnemental fait recette. Aux pays riches aussi. Mais les pauvres, au Nord comme au Sud ? Rien n’est moins sûr…
L’auteur, Sylvie Brunel, dénonce dans cet ouvrage un développement durable opposant les riches, ceux qui disposent du savoir et des moyens, et les pauvres, ceux qui en sont exclus. « Non seulement le développement durable discrimine – car les nouvelles technologies coûtent cher, très cher, et supposent un niveau technique élevé – mais il stigmatise : les pauvres sont accusés de mal agir. » Elle pointe également du doigt les dérives du développement durable, telles que le tout à la nature et aux animaux (« l’animal plutôt que l’homme »), le catastrophisme et la culpabilisation (« ne plus voir la vie que comme une nuisance, une source d’émission de carbone, de pollutions diverses et de déchets »), la non remise en cause des mécanismes de la société libérale (« payer pour s’exonérer »)… Elle interroge tant les OGM que l’agriculture biologique, elle tente de démontrer les limites du combat climatique.
Un ouvrage qui dénonce, sans aucun doute, mais qui ne propose que peu de solutions. Accessible à tous, agréable à lire. Pour aiguiser son sens critique.
Autre ouvrage de Sylvie Brunel, sur le même thème: « Le développement durable » (éd. Presses Universitaires de France, coll. Que sais-je?, 2009).
Visionnez également la très intéressante interview de Sylvie Brunel, réalisée par AgoraVox, le média citoyen sur www.agoravox.fr
Le propos de Sylvie Brunel est quand même orienté et largement discutable dans ses prétentions à l’objectivité. Il y a un ouvrage plus récent qui offre une analyse fouillée (mais dense) qui permet de reprendre les logiques repérables avec un autre recul : Développement durable ou le gouvernement du changement total, de Yannick Rumpala.