Grâce à l’audit réalisé, vous aurez, pour chaque paroi, une information sur :
- le label de votre paroi (de A+ : très bien isolée à E : très énergétivore, comme pour les appareils électroménagers) ;
- le flux d’énergie qui passe au travers des parois ;
- sur le pourcentage d’énergie qui passe à travers cette paroi (sur les 100% d’énergie perdue au travers des parois de la maison) ;
- la technique proposée pour isoler et son coût ;
- le retour sur investissement de l’application de cette recommandation.
Cet audit est donc un très bon outil de planification des travaux à entreprendre et il n’est pas contraignant. Notons également que la réalisation d’un audit énergétique est une condition sine qua non de l’obtention des primes pour l’isolation des murs et du sol accordées de la Région wallonne. Si vous isolez correctement votre maison, vous changez la physique de votre bâtiment et il y a un certain nombre de chose à ne pas perdre de vue.
Bien isoler ?
Bien isoler, c’est bien poser cet isolant, mais c’est également s’assurer qu’il ne sera pas endommagé par l’humidité. Un isolant mouillé, dans la plupart des cas, perd son pouvoir isolant et se détériore. Dans les cas où on ne peut éviter des risques d’humidité, il faut choisir un isolant résistant à l’eau. Dans les autres cas, il y a quelques précautions à prendre. Chacune des activités humaines dégage de la vapeur d’eau : respiration, cuisine, salle de bain, buanderie…
Cette humidité doit migrer vers l’extérieur. Une partie sera évacuée par la ventilation de votre bâtiment – on va y revenir –, mais l’autre devra traverser vos parois. Il est donc nécessaire d’être attentif à ce que les différents composants de votre paroi permettent à l’humidité de sortir et ne soit pas coincée par une couche qui soit plus imperméable que la précédente, au risque que l’humidité ne soit coincée dans l’isolant et que celui-ci ne se dégrade et n’isole plus. Il est donc d’application de poser un freine-vapeur à l’intérieur de la paroi – en tous cas avant l’isolant, vu de l’intérieur – pour réguler l’humidité dans la paroi.
Le freine-vapeur peut être constitué de différents matériaux : plafonnage (argile, gypse…) pour autant que celui-ci soit continu et non fissuré, papier renforcé, OSB pour autant que tous les joints soient collés… Plus importants encore sont les raccords de ce freine-vapeur : mur-plafond, mur-sol, mur-châssis, toit-châssis…
La ventilation
On entend souvent dire : « mais pourquoi dois-je ventiler alors que j’isole ? Je vais perdre beaucoup d’énergie ». Les vieilles maisons, non isolées, sont souvent des courants d’air non contrôlés. A tel point que l’air de la maison est renouvelé de sept à neuf fois par heure. Comme point de repère, une maison passive à un renouvellement d’air de 0,6 volume par heure et une maison basse énergie de un à deux volumes par heure…
Tout le surplus d’air non contrôlé est de l’air froid extérieur que votre chaudière doit réchauffer inutilement. En hiver, cet air réchauffé est relativement sec car l’air froid peut contenir moins de vapeur d’eau que l’air chaud. En le réchauffant, vous augmentez sa capacité à contenir de l’eau est donc l’humidité relative de cette air chute. D’où la sensation d’air sec en hiver.
En contrôlant votre ventilation, vous apporterez, dans la maison, l’air nécessaire à la bonne hygiène de la maison et vous évacuerez ce qu’il faut pour en sortir les polluants : odeurs, humidité, CO2… Cet air nécessaire est bien inférieur à l’air qui rince littéralement votre maison si vous ne contrôlez rien.
Le principe général de la ventilation est d’apporter de l’air frais dans les pièces sèches – séjour, bureau, salle de jeux, chambres… – et de l’évacuer par les pièces humides – salle de bain, buanderie, cuisine, toilette… Pour que le transfert d’air soit effectif dans la maison, il faut des ouvertures de transfert : soit un centimètre de jour sous les portes, soit des grilles dans les murs intérieurs ou dans les portes…
De ce principe à la réalité, vous avez encore le choix entre plusieurs systèmes :
A : amenées d’air naturelles – grilles dans les châssis ou dans les murs des pièces sèches – et extractions naturelles – conduits sortants à la verticale des pièces humides ;
C : amenées d’air naturelles – grilles dans les châssis ou dans les murs des pièces sèches – et extractions mécaniques – conduits sortants des pièces humides avec un ventilateur pour forcer le passage de l’air ;
D : amenées mécaniques et extractions mécaniques ;
D+ : amenées mécaniques et extractions mécaniques avec un échangeur à plaques qui permet de récupérer plus de 90% de l’énergie de l’air qui sort de la maison.
Quand on sait que lorsque le chauffagiste – ou votre architecte – calcule la puissance nécessaire de votre chaudière dans le cas d’une maison basse énergie, la moitié de la puissance sert à réchauffer l’air extérieur, on se rend compte que lorsque la maison est bien isolée, il est intéressant de limiter ces pertes.
Un petit exemple chiffré
Prenons une vieille maison, non isolée, dont le niveau K est de 100 à 150. La puissance de chauffe nécessaire est de 30 à 60 kW. 80% de cette puissance sert à combler les pertes par transmission – le flux de chaleur qui part par vos parois – et 20% sert à réchauffer l’air extérieur à température intérieur. Vous pouvez agir sur les 80% de puissance de chauffe en isolant.
Un outil utile pour la rénovation Pas à pas, je réussis ma rénovation (2013) propose une série de fiches vous accompagnant à chaque étape de votre projet de rénovation.
Prenons, maintenant, une vieille maison bien isolée – K25 à K45. La puissance de chauffe est de 7 à 20 kW : 30% pour combler les pertes par transmission, 70% pour réchauffer l’air extérieur à température intérieur. Si vous pouvez récupérer 90% des 70%, vous limitez fortement la puissance de votre chaudière et votre consommation de carburant.
Bénédicte Dossin, architecte (ecobioarchitecture@gmail.com)
Article publié dans la revue Valériane (n°83, mai-juin 2010) de Nature & Progrès