En cet après-midi de printemps orageux, des courageux s’activent sous la pluie et dans la bonne humeur. Depuis quelques mois, une quinzaine d’habitants de Ath oeuvrent à un potager collectif à la bordure d’un bois. L’un est militant de la permaculture, l’autre simplement précaire en recherche d’une alimentation à moindre coût. Plus tard, ils se partageront la récolte. « Cela n’a l’air de rien, note Josué, mais c’est déjà une démarche collective de reprise en main de nos vies ». Et les projets vont bon train. Il y a cette recherche d’un autre terrain plus vaste où pourrait se créer un « éco-lieu » de transition, ouvert à plusieurs activités : du maraîchage en permaculture pour livrer les cantines du secteur, un restaurant, et pourquoi pas une école avec une pédagogie alternative pour valoriser les savoir-faire manuels et acquérir un esprit critique ? Tout cela avec un financement type Terre de liens. D’autres projets ne devraient pas tarder à éclore : un habitat groupé, la production d’énergie en local, et puis l’idée de travailler sur la transition intérieure : comment acquérir une vision d’un avenir où l’entraide et la qualité de vie primeraient sur la possession ?
Permaculture et marges…
Ce n’est pas un hasard si les principes de la permaculture président à cette idée de « villes en transition ». Cette méthode vise à cultiver en préservant la terre, en tirant partie de ses qualités : par exemple, on cultive à la bordure des écosystèmes, entre bois et pré, car c’est là qu’on trouve le plus de créativité, de richesse de culture. De même, les militants des villes en transition avancent que l’énergie qui bouleverse le système viendra de ses marges.
Pour l’instant, les citoyens investis organisent des débats pour sensibiliser les habitants aux enjeux de demain : défi de l’énergie, chauffage dans l’après-pétrole… Ces événements rassemblent à chaque fois une centaine de personnes. Et puis la municipalité a repris dans son agenda 21 bon nombre de propositions du groupe. « Au début, on n’était pas pris au sérieux, mais les lignes ont bougé », continue Josué.
Psychologue de formation, Josué s’est investi pleinement dans cette aventure. « Je faisais partie d’associations, mais j’étais insatisfait, raconte-t-il. On restait dans des discours sur ces changements planétaires nécessaires, et puis cette histoire de développement durable avait abouti à un échec, on consommait toujours plus. J’ai participé à un week-end organisé par les Amis de la Terre, ça m’a intéressé, cette idée que le changement était accessible à tous, qu’on pouvait avoir une vision positive du futur. » Josué lit, évoque cette démarche au fil de ses rencontres, sème la graine, récolte l’intérêt d’une dizaine de personnes. Un groupe se tisse, une charte est élaborée : organisation sans chef, ouverture aux nouveaux…
Et le collectif se lance. « D’ici 2050, il faut diminuer nos émissions de CO2 de 7% par an. Ici, on veut faire la preuve par l’exemple, tout en restant solidaires. Chacun peut avoir sa place dans notre système, les précaires ont tout à y gagner. »
Patricia Hanssens, MRES
Article publié dans Le 23, le journal d’expression des associations du réseau MRES – Maison Régionale et de l’Environnement des Solidarités (n°208, été 2012)
Illu : Boualem Khelifi
- Lire un autre article au sujet d’Ath en transition dans le n°95 de Symbioses
- Blog d’Ath en transition
- Plus d’infos sur les villes en transition : cahier de l’upc de roubaix nr 34 : http://upc-roubaix.org
- « Manuel de transition : de la dépendance du pétrole à la résilience locale », Rob Hopkins, éditions Eco-société – 2010
Echange d’articles dans le cadre du projet EnviroDoc
Union européenne: Fonds européen de développement régional
[...] articles à lire sur Mondequibouge.be : Ath en Transition, avenir en transition et Relocaliser l’agriculture : le projet Ceinture alimen-terre [...]
Bonjour Bruno,
Merci pour votre commentaire. Vous pouvez joindre la Maison culturelle d’Ath pour avoir plus d’informations sur les initiatives développées – 068 26 99 99 – http://www.mcath.be.
Bonjour , ce style de projet m’intéresse beaucoup , ou en êtes vous au niveau de l’habitat groupé ?
Je suis une personne a mobilité réduite , encore autonome ! mais jusque quand !!
Y a t’il une place dans des projets comme le votre ?
Merci
Bruno