A l’heure où internet permet de connecter des millions d’individus entre eux, Avaaz, au nom de la conscience citoyenne, s’est créé une véritable cyber-communauté : plus de 15 millions de personnes dans le monde semblent y adhérer.
Changer le monde grâce au pouvoir d’internet, est-ce possible ? C’est en tout cas le postulat d’Avaaz, mouvement citoyen international, créé en 2007. « Réduire l’écart entre le monde que nous avons et le monde voulu par le plus grand nombre et partout », telle est la devise d’Avaaz, dont le but revendiqué est de faire entendre aux dirigeants le point de vue des citoyens sur des enjeux de société importants afin d’influer sur leurs décisions politiques.
Le moyen qu’Avaaz a trouvé pour répondre à son objectif est la mobilisation massive des gens via internet. Son mode d’action consiste en l’envoi de pétitions aux dirigeants concernés par le problème soulevé. Ces pétitions sont soumises par sondage auprès de panels de dix mille membres. Seules les initiatives qui suscitent une forte réponse sont alors lancées à grande échelle.
Depuis 2012, toute personne a le droit de proposer une pétition à Avaaz. Toutefois, « si une pétition n’est pas soutenue par nos membres ou est contradictoire avec la mission d’Avaaz, elle peut être dépubliée », explique l’association. S’il existe une charte détaillée qui précise les normes en matière de contenu (contenu injurieux ou obscène), elle précise aussi qu’« Avaaz se réserve le droit de retirer ou refuser de publier toute contribution d’utilisateur quelle qu’en soit la raison ».
Quinze millions de membres
Quinze millions c’est le nombre astronomique de membres revendiqué par Avaaz. En réalité, devient « membre » automatiquement et sans avoir donné son accord, quiconque a signé une de leurs pétitions.
Ces « membres » sont évidemment factices puisqu’ils ne payent aucune cotisation, et que bien souvent, vu le procédé, les gens ne sont même pas au courant qu’ils ont été, à leur insu, désignés membres. De même, ils se voient automatiquement abonnés à la newsletter d’Avaaz sans avoir donné leur accord.
Ce qui semble orienter les dirigeants d’Avaaz dans leurs choix de défendre telle ou telle cause est l’adhésion de leurs membres au point de vue défendu. Ainsi, peut-on lire sur leur site, « les priorités et le pouvoir d’Avaaz viennent de ses membres. Chaque année, Avaaz définit ses priorités à partir d’un sondage ». Par ailleurs, Avaaz explique que « plusieurs versions d’une même campagne peuvent être proposées à nos membres pour déterminer quelle stratégie sert le mieux notre mission ».
Tourne la girouette…
A ce propos, nous avons recueilli le témoignage d’un ancien militant français d’Avaaz qui a participé à l’Action Factory, une équipe internationale formée de jeunes bénévoles, destinée à préparer des mobilisations en Europe pour le sommet de Copenhague en 2009.
Ce militant a posé un certain nombre de questions aux responsables d’Avaaz car il ne voyait pas bien ce que signifiait pour eux « un bon accord » à Copenhague, comme ils l’avaient formulé : « Ils m’ont expliqué au téléphone qu’ils étaient opportunistes dans le sens où ils ne voulaient pas passer du temps à rédiger des positions papers, parce que, pour eux, c’était obsolète au moment où ça sortait et qu’ils voulaient répondre aux besoins du moment. Donc, en fonction de l’actualité, ils changeaient leur mot d’ordre, leur position ».
Avaaz, opportuniste, oui, ils ne s’en cachent pas et, pour eux, il faut le prendre dans le sens positif : Avaaz est très réactif et agit sur des problèmes urgents.
On s’indigne vite mais on passe aussi très vite à autre chose…
Avaaz surfe donc sur la « tendance » du moment, mais le travail dans l’urgence implique un temps de réflexion plus court et une documentation forcément moins aboutie. Une urgence en appelant une autre, qu’en est-il une fois les actions terminées ?
Sur le site, la page « Temps forts » indique les différentes pétitions qui ont porté leurs fruits. Ces petits encarts sont très peu détaillés, sans analyse post-événement. De plus, il n’y a pas d’historique des campagnes : seules sont accessibles les campagnes récentes. Il n’y a pas de retour sur les situations pour voir comment elles ont évolué.
La dispersion des campagnes – qui traitent aussi bien du climat, que de la protection de l’environnement, en passant par les droits humains–, ne leur permet pas d’approfondir un sujet en particulier.
Par ailleurs, Avaaz revendique un certain nombre de victoires, dont il est difficile de vérifier si elles peuvent être attribuées directement à leurs pétitions. Prenons l’exemple de l’autoroute en Bolivie, repris d’une liste de succès d’Avaaz citée dans l’article « Nous avons dix millions de membres actifs dont un million en France » par Jean-Luc Martin-Lagardette, dont la construction aurait été empêchée grâce à Avaaz.
Ils le présentent de la manière suivante : « Avaaz a stoppé la méga-autoroute qui aurait tranché en deux les terres protégées des peuples indigènes de Bolivie ». Mais les peuples indigènes sont au nombre de trente-six d’après la constitution bolivienne. Le fait de parler de « terres protégées des peuples indigènes » sans spécifier de quels peuples il s’agit montre leur méconnaissance de la réalité bolivienne. Avaaz a-t-il seulement noué des contacts avec les peuples Chiman, Mojeño et Yuracaré, opposés à la construction de l’autoroute ? Accepteraient-ils que l’on se réfère à eux en ces termes ? Aussi, il n’est pas averé que la construction de l’autoroute ait été stoppée définitivement.
Le point de vue des citoyens ou des dirigeants ?
D’après nos renseignements, une opposition de points de vue est apparue rapidement. D’une part, la thèse « merveilleuse » d’un mouvement citoyen révolutionnaire qui contribue à améliorer le monde est relayée par leur site. D’autre part, plusieurs personnes s’interrogent dans des forums, par exemple, dans celui du site d’Agoravox, sur l’identité d’Avaaz et se méfient de cette organisation, en apparence si idéaliste.
Si on essaye de comprendre d’où vient cette méfiance vis-à-vis d’Avaaz, tout d’abord on doit admettre que l’organisation est peu transparente à plusieurs égards. Sur leur site, on apprend qu’Avaaz est financée par des dons privés et ne demande des subsides à aucun gouvernement.
Qu’Avaaz est enregistrée dans l’Etat du Delaware aux États-Unis (un paradis fiscal par ailleurs), mais que ses salariés sont répartis dans le monde. Ce sont à peu près les seules informations disponibles pour cerner l’organisation. En effet, on ne trouve aucun organigramme de la société. Il est donc impossible de savoir qui est responsable de quoi, seule une adresse mail générale est accessible. Concernant leurs comptes, on sait seulement qu’ils sont contrôlés une fois par an, par un audit financier.
Il y a aussi le fait qu’Avaaz, revendiquant son indépendance vis-à-vis de tout gouvernement, ne reçoit aucune subvention d’Etat ou d’organisations. Elle dit recevoir uniquement des dons privés, qui n’impliquent aucun contrôle, aucun programme définissant des objectifs précis à remplir, comme c’est le cas pour la plupart des ONG.
Mais ce qui laisse véritablement penser aux sceptiques qu’Avaaz joue le jeu des grandes puissances est leur positionnement en Syrie, qui prône clairement l’interventionnisme. Un article du Monde [1] reprend le programme d’Avaaz pour la Syrie : « Reconnaître le Conseil national syrien (la principale plate-forme d’opposition), comme le représentant légitime du peuple syrien », ce qui impliquerait la rupture des derniers liens diplomatiques avec Damas ; « durcir les sanctions » contre le régime, au risque de pénaliser aussi la population et « instaurer une zone de sécurité pour les civils », ce qui supposerait, même si Avaaz ne le mentionne pas, une forme d’intervention militaire étrangère en Syrie.
Sans entrer dans un débat de type « théorie du complot », nous pouvons démystifier cette organisation. Avant d’être un mouvement citoyen révolutionnaire, Avaaz est une ONG de marketing, qui joue sur sa communication aromatisée et démagogique. Elle use de nombreux artifices et fait miroiter aux gens un monde qui serait meilleur grâce à elle. Vu l’adresse de leur communication, cela pourrait paraître paradoxal qu’ils ne communiquent pas sur l’association elle-même : qui a fondé Avaaz, qui sont ses directeurs, ses salariés, comment les contacter, comment sont-ils répartis dans le monde ? Ce mystère est peut-être sciemment entretenu…
Alexandra Vanderbeck
« Changer le monde grâce à Avaaz: un artifice de communication », un article publié dans la revue d’ITECO, Antipodes, n°198, sept.2012 – Crédit photo: Boulon, Antipodes, ITECO
Il est toujours beaucoup plus facile de détruire que de construire.
A la question : « Pourquoi en arrivons nous à signer des pétitions qui dans 99.9 % des cas ne servent à rien ? » parce que justement, à défaut de ne rien faire, il y a toujours les 0.01 % qui fonctionne. Arrêtons de voir des manipulations partout, bien sûr que tout n’est pas parfait chez Avaaz, personne ne l’est. Pendant que vous tapez sur ce qui fonctionne un peu, le monde s’écroule, leur outil est certes massif mais à le mérite de toucher beaucoup de gens sur des sujets (à 99,9%…) qui nous tiennent tous à coeur. Avaaz permet à ceux qui ne font pas grand chose et qui ne feront jamais rien de plus d’être un minimum mobilisé, les politiques ont les yeux rivés sur les sondages, les pétitions sont très importantes. Vous pouvez vous opposez sur tel ou tel sujet mais réduire toutes leurs actions en en ciblant une seule est malhonnête.
Bonjour et merci pour votre réponse ,je vais mettre en ligne votre réponse à fin que tout le monde soit rassuré
Cordialement
Bonjour LE CLERC,
Nous nous sommes renseigné et voici la réponse reçue de l’association GAIA (merci à Corinne Porchet) :
» Avaaz ratisse large, leur but étant de rassembler un maximum de pétitions. Ils ont donc parfois en ligne des pétitions pour des causes qui s’opposent (on pourrait très bien trouver une pétition pour défendre les éleveurs et à côté une pétition qui dénoncerait la qualité de vie des animaux de ces mêmes éleveurs). Donc éthiquement ce n’est pas le top, ils n’agissent pas en fonction de certaines valeurs qui leur seraient propres. Par contre, si ils font circuler une pétition demandant une amélioration pour le bien-être des animaux, ce n’est pas possible que ce soit des pétitions visant l’inverse de la demande. Cela se saurait et aurait déjà été dénoncé, preuve en est que L214 partage des pétitions Avaaz. »
J’aimerais savoir si la rumeur qui cour sur Avaaz est fondé ,car du coup nous sommes plusieurs milliers à ne plus signé les pétition d’avaaz , la rumeur qui cour est la suivante : Avaaz encourage à la maltraitance animal en nous faisant signé des pétitions qui prétendent l’inverse ,nos signatures serais donc utilisé pour un effet inverse de ce qui est la cause à deffendre .
LE CLERC
[...] http://www.mondequibouge.be/index.php/2012/11/changer-le-monde-grace-a-avaaz-un-artifice-de-communic... [...]
[...] http://www.mondequibouge.be/index.php/2012/11/changer-le-monde-grace-a-avaaz-un-artifice-de-communic... [...]
Bonjour Madame (je ne dirai pas Alexandra, nous n’avons pas l’honneur de nous connaître et je souhaite que cela dure )
J’ai rarement lu une telle somme d’inepties. Le premier constat clair d’après votre article est qu’il n’y a … RIEN !!
DU vide à l’état intersidéral. Pas un chiffre, pas un nom, pas une citation, pas un témoignage, pas un exemple concret – à part celui il est vrai intéressant de la Syrie, mais dans lequel toutes les démocraties « éclairées – = occidentales bien sûr !), sont tombées tête le première ! J’aurais aimé vous entendre aussi vindicative les concernant. Mais un gouvernement payé par les impôts de millions de citoyens et comportant des centaines de conseillers et de spécialistes a le droit de se tromper, PAS UNE ONG…N’EST-CE-PAS ?…
Vous oubliez au passage tous les autres actes d’ingérence de AVAAZ, eux beaucoup moins discutables.
J’ignore ce qu’AVAAZ vous a fait. Simplement le fait de répandre des rumeurs, basées sur de pseudos citations d’anonymes et de vagues rumeurs n’est pas le travail d’une journaliste. Tout juste un faiseur de poubelles. Pardon de le dire aussi crûment, mais votre article est inutile au mieux, nuisible au pire. Vous parlez d’ONG ??
OK, allons -y !! Que dites vous de la plus célèbre d’entre elles, l’ONU ??
Parlons donc d’Haïti…Que direz-vous du scandale de la contamination par les forces de « maintien de la paix » dans ce pays, et du refus sans appel du secrétaire général de cette organisation de reconnaitre sa responsabilité, et encore moins d’en assumer les conséquences financières ? Que dites-vous de l’argent des dons pour Haïti étant massivement détourné depuis de nombreux mois pour payer des groupes d’influence politiques et économiques visant à faire élire des dirigeants « favorables » à l’économie Etasunienne ??
Ce n’est qu’un exemple parmi des milliers d’autres. Je peux vous les fournir si vous le désirez – j’ai des dossiers assez complets..MAIs je ne pense pas que cela vous intéressera. C’est moins « politiquement correct » que d’attaquer AVAAZ. Savez-vous que plusieurs dirigeants ont été harcelés – par téléphone, ont vu leurs sites piratés, entre autre, lors de certaines campagnes ? En voilà une de théorie du complot ! Si vous voulez des preuves, vous les trouverez sans problèmes mais cette fois sans moi – après tout c’est vous la journaliste, pas moi !! :) Je comprends fort bien la discrétion des « dirigeants » – coordinateurs serait plus exact, vu que c’est un collectif qui évolue régulièrement. A leur place, je me ferais discret également… On ne peut pas plaire à tout le monde.
Les gouvernements mondiaux, et jusqu’au fameux ONU – ont eux-même reconnu et salué le rôle primordial d’AVAAZ dans la grande Marche pour le Climat du mois de Novembre… Mais là aussi je suppose que vous êtes mieux informée que ces dirigeants. Vous devriez leur écrire d’urgence..Il est grand temps qu’ils SACHENT !!
Je n’irai pas plus loin – mais c’est dommage, vous tendez tellement le bâton pour vous faire battre … Mon temps est précieux, et il est venu pour moi de passer à des occupations plus sérieuses..signer des pétitions pour tous nous sortir de là, par exemple.
Bien cordialement
JL Peaudecerf
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