Marie a 16 ans, Florence, 21, Sylvain, 24… Tous sont jeunes et passionnés par le milieu naturel. Depuis trois jours, ils animent le camp 8-12 ans de « Jeunes et Nature », un mouvement de jeunesse composé de naturalistes enthousiastes, âgés de 8 à 27 ans. Ici, pas de foulard, ni de chef de sixaine : le mouvement se distingue des scouts, et fait de la « découverte de et par la nature » sa devise.
9h00 tapante, à Halanzy (1). En route pour l’activité « terrain » ! Séparés en sous-groupes, les jeunezénaturiens prennent la direction de la forêt. « Je leur propose un thème, mais je n’impose pas d’itinéraire, car je les suis dans leurs découvertes », explique Sylvain Deproft, qui aiguisent son sens de l’observation au contact des plus jeunes. Livre d’identification, GSM et pharmacie sur le dos, il rejoint ses participants, affublés d’une chasuble fluorescente.
Chemin-faisant, Marie, 10 ans, sort ses jumelles pour identifier un faucon crécerelle, puis rejoint le groupe assis sous les arbres. « Réfléchissez à un élément naturel qui vous correspond », leur propose Sylvain. Tour à tour, les participants prennent la parole : « je m’identifie au glouton, car il est rusé, discret et solitaire », « et moi, à l’orque, car j’ai besoin des autres », « j’aime me camoufler comme le caméléon »… Puis l’animateur de lancer au groupe : « cache-cache ! ». Pas le temps de dire ouf, et le groupe disparaît derrière les arbres.
Approche et méthode
« Passer un moment agréable, ludique, dans la nature amène les participant à la connaître, à l’étudier, puis à la protéger », explique Sylvain, qui a suivi une formation de guide nature. Nous attendons que les jeunes soient en demande de connaissance , plutôt vers 12-16 ans, pour entrer davantage dans les contenus.. »
Avec les 8-12, les animateurs privilégient des activités faisant appel aux sens et à l’imaginaire (ex : goûter à une poignée de sauterelles caramélisée ; réaliser un « jardin miniature » pour la biodiversité ; imaginer une histoire de chasse, etc.), ils les invitent à vivre une aventure (ex : faire le tour d’un étang, quitte à avoir de l’eau jusqu’à la taille ; se rouler dans la boue ; etc.), à collaborer et à mettre en place une stratégie (ex : un « stratégo nature » basé sur la chaîne alimentaire, etc.).
En outre, la méthode usitée par les animateurs se résume en trois mots-clés : dynamique de groupe, apprentissage par la découverte et style d’intervention « permissif » (plutôt qu’autoritaire). « Faire vivre les choses sur le terrain, découvrir et trouver par soi-même permet de former des naturalistes autonomes », estime Sylvain. Quant aux 12-16 ans, les animateurs leur proposent d’agir sur le milieu, en organisant une « gestion », durant le camp (ex : creuser une mare, gérer une parcelle dans une réserve naturelle, réaffecter un chemin de balade, etc.).
Autoalimenter le mouvement en animateurs
Parmi la dizaine d’animateurs bénévoles de ce camp d’été, beaucoup sont tombés dans la marmite dès leur plus jeune âge. Pour autant, on ne naît pas animateur. Mine de rien, cette approche demande des connaissances et des compétences, qui font la spécificité de ce mouvement de jeunes et pour les jeunes. « Nous devons participer à des activités et deux week-end de formation par an, alliant pédagogie, connaissances naturalistes et sécurité », expliquent les animateurs. En outre, pour les inciter à se former « à l’extérieur » (CRIE, Cercles des Naturalistes de Belgique, Education Environnement, etc.), l’asbl rembourse 75% du prix d’une formation (Cf. le répertoire des formations en environnement du Réseau IDée). Certains participent même à des groupes de travail en interne, allant de l’entomologie à l’astrologie, en passant par la mammalogie, la botanique…
Dans ce cadre, une nouveauté de taille à J&N : à partir de septembre, le mouvement proposera une formation longue durée à Bruxelles et Namur. « Une façon de répondre au défi d’autoalimenter le mouvement en animateurs », souligne Marc Stiéman, chargé de la formation et de la rédaction d’un dossier de vingt animations pour se lancer dans l’animation nature. Une fierté pour le mouvement : ce brevet d’animateur nature sera reconnu par la Fédération Wallonie-Bruxelles… De quoi partir vers de nouvelles aventures « Jeunes et Nature » !
Delphine Denoiseux
Article rédigé dans le cadre du dossier « Dehors! Apprendre dans la nature », de Symbioses, n°100, hiver 2013
(1) village situé en dans l’extrême sud de la Belgique, en Gaume
Jeunes et nature: 02 893 10 57 – info@jeunesetnature.be – www.jeunesetnature.be