IMAGINE N°100 : à lire de toute urgence! Cet article est le n°96 des 100 sujets traités dans l’édition spéciale du magazine Imagine demain le monde. Un numéro spécial parce que le 100ème! Un numéro double aussi, ou plutôt à tenir dans deux sens : l’un de 1996 à 2013, l’autre de 2013 à 2030. Soit : comment la société s’est-elle transformée depuis la création d’Imagine en 1996 ? Et quelles sont les perspectives d’évolution à terme ? Vous y trouverez des articles de réflexion, des interviews, des reportages sur des thèmes divers, avec toujours cette philosophie propre à Imagine: « explorer les voies d’un autre modèle de développement et chercher des alternatives positives pour répondre aux grandes questions de société ». Avec comme grand témoin à l’occasion de ce numéro spécial: Edgar Morin.
> ce n°100 est à feuilleter en ligne par ici ou à commander via www.imagine-magazine.com
De quoi s’agit-il ? De réunir, grâce à l’entremise d’un site internet (KissKissBankBank, Ullule, MyMajorCompany et bien d’autres), de multiples contributeurs pour financer l’enregistrement d’un disque, la montée d’un spectacle, la réalisation d’un film, etc.
Deux façons de les encourager existent, soit le coup de pouce gratuit, sans contrepartie financière (mais avec en remerciement un contre-don, parfois très créatif), soit le désir d’investir, en espérant un rendement.
C’est bien-sûr un moyen de trouver de l’argent, alors que les subventions publiques s’assèchent. Avec le risque, demain, que l’Etat du coup s’en lave les mains ? « Le financement participatif ne peut pas et ne doit pas être un substitut au financement de l’Etat pour la culture, estime Isabelle Soraru, créatrice du blog Youphil Mécénat culturel (2) . C’est une ressource complémentaire, qui peut être intéressante, mais qui ne peut pas remplacer les financements publics… »
Pour Christophe Galent, directeur des Halles de Schaerbeek, organisateur d’un festival autour du crowdfunding (lire ci-dessous), c’est aussi une occasion d’inventer « des projets plus libres, qui ne seraient de toutes manières pas aidés par les pouvoirs publics ou une salle ».
Le financement participatif est aussi un moyen pour chacun de s’impliquer : « les gens s’y sentent davantage acteurs, poursuit Christophe Galent, il y a là un côté démocratie directe, une communauté d’intérêt qui se crée. Puis les contre-dons symboliques donnent le sentiment d’échapper à la société marchande. Enfin, je crois que de nouvelles formes artistiques vont naître de cette participation – le public de demain ne veut plus simplement rester dans un fauteuil et regarder, il a besoin d’interactivité. »
Reste à conserver la richesse, la multitude actuelle, à ne pas dériver vers le formatage et la loi du plus fort. A ne pas non plus transformer les artistes en « vendeurs de soupe », qui passeraient plus de temps à communiquer et à monter leur projet qu’à créer (ce qu’ils doivent faire déjà assez aujourd’hui). A maintenir des plates-formes indépendantes, et non récupérées par les banques dont elles ont besoin pour que le système soit viable. A ne pas transformer ce laboratoire fourmillant d’idées en un business de plus. Nous pourrons alors voir des spectacles, des films, des oeuvres originales, fortes, passionnantes, auxquelles nous serons (un peu) partie prenante !
Laure de Hesselle
Article publié dans Imagine demain le monde (n°100, hors série, 2013)
(1) Même si le financement participatif touche tous les domaines, toutes sortes d’entreprises.
(2) mecenatculturel.blog.youphil.com