Home Street HomeReportages

20 mars 2014

Dans l’espace public se côtoient habitants de la rue et passants hagards. Pourtant leurs regards ne se croisent que trop peu. Pour y aider, l’asbl Diogènes a lancé le projet Home Street Home. Jusqu’au 6 avril, une exposition propose à Bruxelles des supports audiovisuels, dont des photos prises par des personnes sans-abri. Une journée d’étude se tiendra aussi le 25 mars pour analyser la place des habitants de la rue dans nos sociétés.

« Tout est parti du constat que les personnes sans-abri éveillent en chacun de nous des sentiments mitigés : indifférence, rejet, malaise, générosité…, explique Laurent Demoulin, directeur de l’asbl Diogènes qui coordonne le projet Home Street Home. La loi de pénalisation de la mendicité a été abrogée il y a 20 ans et c’est une bonne chose. Mais chaque citoyen est responsable du regard qu’il porte sur les habitants de la rue au sein de l’espace public. » Ce regard, précisément, est au cœur des deux grands événements qui étayent Home Street Home.

Une expo, l’aboutissement d’un processus

L’expo Home Street Home se tient du 20 mars au 6 avril dans le centre de Bruxelles. Par différents biais, elle veut mettre en lumière « les interactions avec les personnes sans-abri dans les espaces publics et de transports, des espaces comme lieu de vie, de passage, de travail. Confrontation des regards et vécus pluriels, l’exposition met en scène des tableaux vivants, loin des fausses idées, des avis arrêtés », peut-on lire sur le site du projet.

EXPO : infos pratiques
Du 20/03 au 06/04 2014
(vernissage le 20/03 de 18:30 à 22:00)
Ouvert les jeudi, samedi et dimanche de 11:30 à 19:30 et les vendredi de 09:30 à 17:30
Visite en dehors des heures d’ouverture sur RDV
Au T.A.G. City Gallery
rue de Brabant 23K
1210 Saint-Josse
(derrière la place Rogier sous les rails de train)

L’expo utilise plusieurs supports audiovisuels : vidéo, son et photos. Ces dernières ont été prises par les habitants de la rue eux-mêmes. Dans son travail de rue au quotidien, l’équipe de Diogènes va à la rencontre des personnes sans-abri et c’est tout naturellement qu’elle leur a proposé de participer au projet. Munis d’un appareil photo, les participants ont cristallisé leur regard sur la rue, ce qu’ils y vivent, ce qui les interpelle, ceux qu’ils y croisent, ceux qui passent… Tous les vendredis, les participants revenaient avec leurs photos lors de l’atelier Jamais sans Toit, autre association de soutien aux sans-abri. Là, chacun s’exprimait, sur ces instants immortalisés, sur ce que ces photos racontent, reflètent…
Pour l’expo, les participants ont sélectionné 200 photos parmi les 2000 initialement prises. « Le but est de créer un pont entre la rue et la société et d’aller au-delà des préjugés, souligne encore le directeur de Diogènes. On découvre alors que les habitants de la rue sont des personnes qui ont des choses à dire et à partager. » L’expo matérialise aussi sur vidéo et bande sonore des histoires et rencontres entre habitants de la rue, travailleurs de rue et autres occupants de l’espace public.

Une journée d’étude

Le mardi 25 mars se tiendra également une journée d’étude, malheureusement déjà complète à l’heure qu’il est. Les organisateurs ont été dépassés par leur succès… ou plutôt par les questionnements que suscite cette problématique, à l’heure où de plus en plus de règlements sont adoptés pour « réguler, administrativement, la mendicité et les comportements qui fâchent, écrit Diogènes. Par exemple, à Etterbeek les mendiants ne peuvent être plus de quatre par rue, à Liège et Charleroi la mendicité est organisée par quartier. »
La journée d’étude veut aborder la question du traitement de la pauvreté sur l’espace public et analyser la place des habitants de la rue dans nos sociétés. Plusieurs acteurs seront présents, des professionnels de terrain aux politiques. Des habitants de la rue aussi. « Ils en ont assez qu’on les voit sous un œil misérabiliste, explique Laurent Demoulin. Les participants à ce projet ont fait un bout de chemin. Ils ont acquis la confiance de s’exprimer et veulent montrer leurs intelligences. »

Céline Teret

En savoir plus:

Site de Home Street Home : www.homestreethome.org

asbl Diogènes – Lucie Martin, porteuse du projet Home Street Home
02 502 19 35

http://diogenes.wikeo.be/

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