Savez-vous quel est le point commun entre une réservation de vacances en ligne, le selfscan en grand magasin, le home banking et l’achat d’un meuble en kit à assembler à la maison? Dans tous les cas, le consommateur travaille ! Voici un outil pédagogique qui décode ce phénomène de société et propose une animation à réaliser avec un groupe de 4 à 12 personnes.
Sans que le consommateur en soit toujours conscient, le marketing vise aujourd’hui plus que jamais à faire participer le consommateur au processus de production. C’est souvent à l’aide des nouvelles technologies que ce phénomène prend place. De la restauration fast-food, au montage d’un meuble, le consommateur participe à la production de ses achats ou services, dans un effort qui ne doit désormais plus être fourni par l’entreprise productrice. Quels effets cela engendre-t-il ? Au nom de l’autonomie, de la valorisation de soi, du gain de temps, de la praticité… les entreprises ne nous mettraient-elles pas insidieusement au travail ? C’est la question de départ de cet outil pédagogique proposé par Cultures&Santé.
La première partie de l’outil propose des repères théoriques, basé sur l’ouvrage de la sociologue Marie-Anne Dujarier : Le travail du consommateur, de McDo à eBay(1). On y découvre notamment que le travail du consommateur peut sembler avoir des avantages : gain de temps, pratique et confortable). Il engendre néanmoins une série de critiques non négligeables : une partie de la responsabilité est déplacée sur le consommateur lui-même ; certains métiers sont amenés à disparaître parce que remplacé par le travail du consommateur ; les relations sociales sont transformées (tout passe par les machines et internet, ce qui engendre peut-être « plus de contacts », mais « moins de relations ») ; de nouvelles formes d’exclusion sociale surgissent puisque certaines personnes n’ont pas accès à internet ou sont peu habituées à l’utilisation des nouvelles technologies. Voilà donc une première approche théorique déjà très intéressant dans le sens où elle ouvre la réflexion sur les mutations de notre société de consommation, un phénomène auquel on ne pense pas toujours et qui est pourtant omniprésent dans nos gestes au quotidien.
La seconde partie de cet outil propose une animation à réaliser avec un groupe de 4 à 12 personnes (ados ou adultes). À l’aide de cartes, l’animation proposée invite les participants à identifier et à analyser certaines situations de mise au travail du consommateur : self-scan, home banking, sondage en ligne, porter des logos de marques sur ses vêtements et accessoires… Après s’être interrogé sur ce qu’est le travail et la consommation, le groupe va analyser quels sont les avantages et inconvénients de cette évolution ? D’un point de vue individuel et collectif ? En termes d’efficacité, de coût, de temps, d’accessibilité ? Le débat est donc ouvert. Et se termine sur une brève recherche collective d’alternatives.
L’outil est destiné aux professionnels et bénévoles des champs de la culture, du social, de l’éducation, de l’insertion socio-professionnelle souhaitant développer des démarches d’éducation permanente avec leur public autour de la thématique de la consommation.
Ce kit pédagogique est très pertinent pour inviter à se rendre compte de cette tendance actuelle du travail du consommateur, susciter la réflexion et le débat. Il propose néanmoins peu de pistes d’alternatives (à part dire qu’il y en a peu…). L’animateur devra donc creuser au préalable des pistes possibles (circuits courts, petits commerces et de proximité, éviter de partager ses données personnelles, etc.) afin de s’aider (si nécessaire) à faire émerger des participants des pistes positives et éviter de repartir démoralisés.
(1) pour aller plus loin dans la réflexion, lisez l’ouvrage Le travail du consommateur, de McDo à eBay de Marie-Anne Dujarier