À la base du projet de Jonathan et Julien : l’amour de la nature, de la vie à la campagne et l’envie de faire un métier qu’ils aiment. Jonathan, enseignant, est un grand idéaliste, un rêveur qui fonctionne à l’émotion et à l’intuition. Pour lancer l’entreprise, il s’associe avec Julien, comptable, et ensemble, ils construisent leur projet petit à petit. Ces deux-là semblent bien complémentaires, et dans leur histoire, ce n’est pas anodin.
« Moi, je suis plutôt un littéraire, quelqu’un qui aime parler, je fais tout par passion », raconte Jonathan. « Mon associé Julien est comptable, il est très pragmatique. Je ne me serais pas lancé seul car je n’avais aucune notion de comptabilité. Les connaissances de Julien ont été très précieuses pour notre installation… En agriculture, on a tout de suite besoin de gros investissements : les terres, un bâtiment, les installations pour la traite, le matériel pour la transformation et la manutention… »
Cette activité d’entrepreneur l’a transformé: « Je ne suis plus le même. J’ai toujours la tête dans les nuages, mais je n’oublie pas le côté formel et rationnel : j’ai des commandes et des remboursements à honorer. »
Les brebis laitières, leur spécificité ; la bio, une évidence
Le point fort de leur projet ? Avoir choisi d’élever des brebis laitières, peu présentes en Wallonie, et s’être lancé dans la transformation du lait en fromage. Selon Jonathan, ils ne seraient que treize éleveurs de brebis laitières en Région wallonne, dont cinq qui transforment le lait en formage.
Et ils n’ont aucun doute : ils veulent faire du bio. « On est des bio-convaincus, on croit en l’agriculture biologique, on ne fait pas ça pour le business ! », clame Jonathan. « Le bio c’est bon pour le consommateur, pour l’agriculteur, et pour les brebis. »
Et leur véritable atout n’est pas le moindre : Jonathan met tout son cœur à produire des fromages uniques. Leur démarche est porteuse : ils ne doivent pas chercher de clients, les commandes affluent et ils n’ont pas assez de produits pour satisfaire la demande…
Une bergerie bio, ça n’entre pas dans les cases des formulaires !
Un projet original et mené avec cœur… Ces arguments n’ont convaincu aucune banque conventionnelle. Jonathan se souvient avec amertume : « après avoir consacré des heures à ficeler des dossiers, ceux-ci ne sont même pas lus par les banques ».
Leur projet est considéré comme excentrique car il s’agit de production, de transformation et de vente directe. Même les banques dites « agricoles » ne croient pas en leur projet. Leurs formulaires à remplir ne laissent aucune place à des idées innovantes, telle la bergerie de Jonathan et Julien. Ces banques sont déconnectées des réalités et de la créativité des jeunes entrepreneurs.
« Les portes se sont fermées les unes après les autres. Et puis, je me suis adressé à une banque alternative : elle a écouté notre projet, elle s’est renseignée, et elle l’a financé. »
Etre « jeune » n’apporte aucune facilité, aucune aide particulière. La bergerie aurait pu bénéficier d’aide agricole si Jonathan avait effectué un stage de trois mois chez un agriculteur, mais à l’époque, employé à temps plein, c’est impossible pour lui.
Terre et travail
Julien et Jonathan s’investissent corps et âme dans leur bergerie. Ils avaient gardé leur temps plein de comptable et d’enseignant mais ont dû petit à petit alléger leur charge d’employé pour se consacrer à leur activité d’entrepreneurs.
« On ne compte pas ses heures, tous mes congés d’enseignant, je les consacrais à la bergerie : à la Toussaint, les bêtes rentrent à l’étable, à Noël, c’est l’époque des agnelages. À Pâques, c’est la sortie en prairie, et en juillet-août, c’est la grosse période de production. »
Avec sincérité, Jonathan confie : « l’année passée, c’était très difficile d’assumer mon temps plein d’enseignant et mon activité d’entrepreneur, j’étais arrivé au bout de mes limites physiques. Je suis passé à temps partiel dans l’enseignement, et je suis plus efficace maintenant. »
C’est sans compter que l’accès à la terre est très difficile. Au cours des années, nos deux jeunes entrepreneurs connaissent beaucoup de déboires. Ils ne peuvent être certifiés bio pendant longtemps car ils ne trouvent pas de lieu où se fixer. Ils achètent finalement leur propre terre en 2009 et terminent leur bâtiment en 2013.
Entreprendre à l’heure actuelle, quelles pistes, quels messages ?
Aujourd’hui, la Bergerie du Daubrartier compte une clientèle fixe et une demande en augmentation. La période de lancement a été longue mais manifestement, cela en valait la peine ! Le message de Jonathan pour les jeunes : faire ce qu’on aime car on peut toujours se raccrocher à son rêve dans les périodes de difficultés, innover car les produits originaux font la différence, oser se renseigner chez les autres entrepreneurs du même secteur et ne pas attendre trop longtemps avant de se lancer !
Jonathan lance un appel : « les banques conventionnelles doivent aussi s’intéresser à la créativité de la jeunesse : refuser de lire les dossiers de projets innovants, c’est injuste ! Le secteur de la transformation de produits fermiers bio est un secteur rentable qui marche, autant que les réseaux conventionnels de production ! »
Les jeunes connaissent les nouveaux besoins, eux qui sont au cœur de l’air du temps. Sur base de leurs connaissances, de leurs compétences et de leurs valeurs, ils innovent dans de nombreux secteurs très diversifiés, comme celui de la nourriture bio. L’histoire de Jonathan et Julien a de quoi inspirer de belles autres initiatives. Mais pour cela, les jeunes doivent pouvoir trouver un soutien auprès des pouvoirs politiques, auprès des investisseurs et auprès des citoyens-consommateurs que nous sommes ! Ayons confiance en notre production locale, soutenons nos jeunes entrepreneurs !
Amandine Kech, chargée de projets chez Justice et Paix, volontaire chez Magma
Article paru dans la revue Valériane de Nature & Progrès n°111, jan-fév. 2015
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j’aime bien votre histoire moi aussi je suis passionner par l’agriculture et l’élevage et j aimerais apprendre plus dans ce domaine . du coup j’aimerais travaillé dans votre structure.structure. Je suis un jeune élève en classe de PA4 ESPAGNOL au collège EBAGES au Cameroun j’aime comme je voous l’ais dit le travaille