Un Musée du Capitalisme… Pourquoi pas, au fond, puisqu’on y baigne au quotidien dans ce fameux « capitalisme ». Voici donc une belle opportunité de s’arrêter sur ce mot, tellement commun, tant ses effets ont une incidence directe sur nos vies, et pourtant si lointain, tant il nous semble être l’affaire d’autres, de ceux qui dirigent, de ceux qui détiennent le pouvoir.
Infos pratiques :
Le Musée du Capitalisme, du 13 février au 31 mai 2015, au CPAS de Saint-Gilles, rue Fernand Bernier 40 à 1060 Bruxelles. De 9h à 17h en semaine et de 10h à 18h le samedi. Prix libre. A partir de 2€/personne pour visites guidées (sur réservation). www.museeducapitalisme.org
Pour mieux comprendre ce qu’est le capitalisme, un musée donc, mais pas n’importe quel musée. Pas un musée poussiéreux où l’on traîne les pieds d’un panneau noir de texte à l’autre. Non, non, un musée interactif, avec de l’écrit, certes, mais aussi des supports audio et vidéo, des mises en scène, des photos, des objets à manipuler… Le tout enrobé d’une magnifique scénographie qui attire l’œil et titille la curiosité.
Un musée qui a aussi la particularité d’avoir été imaginé et conçu par une quinzaine de citoyens, aux profils à peu près divers, à l’âge à peu près similaire (30 ans, un peu plus, un peu moins). Des chevronnés, tous bénévoles. Ce qui était au départ une idée entre potes a pris une ampleur presque inattendue. La première installation du Musée du Capitalisme, à Namur l’année passée, a attiré 3500 visiteurs et 80 groupes. Depuis février, il fait son nid dans la capitale, au CPAS de St-Gilles, dans une version bilingue et plus aboutie encore (grâce notamment aux apports scénographiques d’étudiants de l’école des Arts de St-Luc). Et à peine a-t-il ouvert ses portes à Bruxelles qu’une vingtaine de visites guidées avaient déjà été réservées par des écoles. Sans compter les quelque 500 personnes présentes lors de l’inauguration et un large écho dans les médias.
4 salles, une diversité de contenus
Si les 200 m2 d’exposition sont très diversifiés, tant dans les contenus abordés que dans la manière de les transmettre, le Musée du Capitalisme propose une découpe claire et succincte : 4 salles pour 4 thématiques. Salle 1 : les origines du capitalisme, avec dates, lieux et auteurs marquants. Salle 2 : les espoirs suscités par le capitalisme, de l’amélioration du niveau de vie à l’avènement des nouvelles technologies. Salle 3 : les limites, avec des focus sur le travail, les banques, les conséquences environnementales, la surconsommation, le système agro-alimentaire… Salle 4 : les alternatives possibles étalées sur une gigantesque fresque non exhaustive. L’idée étant, dans cette dernière étape, de montrer que le capitalisme n’est pas le seul système possible.
Après avoir sillonné ces 4 salles, difficile de dire qu’on a fait le tour de la question tant le sujet est vaste, déclinable et complexe. Mais la force de ce musée est bien de proposer une vision globale et nuancée, sans écraser le visiteur de contenus denses et compliqués. On a comme le sentiment d’avoir exploré différents pans de la question, certains connus, d’autres moins, tous essentiels. Le Musée du Capitalisme rend accessible au plus grand nombre des pensées et discours qui sont trop souvent l’apanage de spécialistes.
Un réel apport pédagogique et citoyen
Ça saute aux yeux : le Musée du Capitalisme est un vrai outil de sensibilisation et d’éducation. Ouvert aux jeunes (conseillé à partir de 15 ans, mais des plus jeunes s’y essayent avec succès) et adultes, il tente d’harponner tous les publics.
Pour les particuliers, avertis ou non, conquis ou non, des feuillets accompagnent leur visite. Pour les groupes, des visites guidées sont proposées. Ces visites d’environ 2h développent certains contenus et suscitent la réflexion, le questionnement, le débat… Pour les écoles, un livret pédagogique a également été réalisé (et sera téléchargeable très prochainement sur www.museeducapitalisme.org), afin de préparer à la visite du musée et de poursuivre les échanges une fois de retour en classe. Parce que l’idée des instigateurs du musée est bien d’inviter les écoles et tout autre espace éducatif à entrer en projet, à aller plus loin qu’une simple et unique visite. Des écoles s’y essayent et certaines verront même le fruit de leur travail exposé au musée même (lire article ci-dessous « Ecoles en projet »).
Outre les écoles, le musée est évidemment accessible à bien d’autres groupes. Dans le cadre de projets d’éducation permanente ou populaire, par exemple. Il arrive même que des groupes d’apprenants en alphabétisation passent le pas de la porte. Si les textes sont nombreux, d’autres supports permettent de s’approprier les contenus et d’échanger. L’accompagnateur du groupe devra cependant peut-être s’y préparer et prévoir quelques adaptations, si nécessaire.
Devenez guide !
Le Musée du Capitalisme propose des visites guidées au cœur de son exposition. Ces visites se déroulent de manière interactive, en plaçant l’échange, le dialogue et le débat au centre de la visite. Une formation de 2 jours au guidage de l’exposition est organisée, au choix : jeudi 19 février et vendredi 20 février de 9h à 17h OU samedi 28 février et dimanche 1er mars de 9h à 17h. Durant ces deux jours, seront abordés avec les futurs guides bénévoles non seulement les contenus et les enjeux de l’exposition, mais aussi différents outils d’animation.
Contact et inscription : Amélie Noël – 02 545 79 22 – amelie.noel@pac-g.be
Les visites guidées, qui se déroulent de manière interactive, peuvent également s’adapter au profil du public accueilli. L’envie de l’équipe organisatrice serait de réussir à croiser les publics, de mélanger des groupes d’horizons différents, afin de soulever les représentations, confronter les points de vue et tomber certaines idées reçues.
S’impliquer et s’approprier l’outil
Face à ces différents publics et au panel de possibilités à portée de main, l’équipe du Musée du Capitalisme, qui s’investit déjà sans compter, propose à d’autres de prendre le relais. Notamment en participant à des formations pour devenir guide du musée (lire encadré).
L’équipe lance également une perche aux associations d’éducation permanente et autres structures afin qu’elles s’approprient elles-mêmes l’outil. « Le Musée est ouvert à toutes et tous, lancent-ils. Libre à qui le souhaite de venir le visiter avec ses groupes, d’y organiser un événement, de nous proposer de nouvelles thématiques ou angles d’approche. » Comme cette association féministe qui souhaite creuser la question du genre dans le capitalisme. Comme cette envie émanant de certains citoyens actifs dans des projets de résistance d’organiser des cafés citoyens. Comme cette idée de faire venir ici des chefs d’entreprise.
L’outil est là, les idées aussi… « Y a plus qu’à », comme on dit!
Céline Teret
Plus d’infos sur www.museeducapitalisme.org