Bruxelles, quai des Charbonnages, au bord du canal. C’est au 1e étage d’un bâtiment en comptant quatre, style industriel, que se situe le FabLab.iMal. Luc Hanneuse nous accueille pour une rapide visite (1). Une fois franchi le pas de la porte, nos regards ne savent plus où se poser, tant l’espace regorge d’outils, de caisses et tiroirs de rangement, de rouleaux de papier et de matériaux colorés, de panneaux aux dimensions multiples… Visseuses et foreuses déposées ça et là. Scies et pinces rangées à leur place. Différentes machines, de taille plus ou moins imposante, habillent la pièce. Sur un large établi, une rangée d’imprimantes 3D attise d’emblée la curiosité d’une partie du groupe. « Les imprimantes 3D, ça va nous sauver ! », lance Luc Hanneuse, pour finalement briser la silence avec un : « Enfin, ça, c’est ce que vous entendez au JT en 3 minutes… Mais en réalité, ça n’est pas le cas ! Les choses sont bien plus compliquées que ça. »
Le FabLab.iMal a vu le jour en 2012. Il était alors le premier FabLab créatif de Bruxelles. Le premier, aussi, dans la partie francophone du pays. « Depuis lors, beaucoup de gens sont venus ici, se former, bidouiller, explique notre hôte. Toute une série de personnes et d’associations sont maintenant actives au sein du FabLab ou collaborent avec nous. » Il évoque notamment un projet de FabLab mobile visant à s’approprier l’espace public dans la zone du canal à Bruxelles. Ou encore des projets de sensibilisation sur les techniques et enjeux autour de la fabrication numérique, à destination des écoles. « Les approches diffèrent en fonction des tranches d’âge. Pour des raisons de sécurité en lien avec le maniement des outils et l’utilisation des machines, mais aussi pour des raisons de pédagogie, différente selon les âges. »
C’est quoi un FabLab ?
Oui, c’est quoi un FabLab, dans le fond ? Contraction de l’anglais fabrication laboratory, un FabLab est « un atelier composé de machines-outils pilotées par ordinateur et de nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), pouvant fabriquer rapidement et à la demande des biens de nature variée (pièces et mécanismes divers, objets de design, vêtements, etc.). Un FabLab permet de réaliser à partir d’informations numériques des objets physiques dans des tailles et matériaux divers, dans le but de pouvoir fabriquer presque tout ce que l’on veut. Ceci comprend entre autres des objets physiques jusqu’ici habituellement issus de la fabrication en masse par les processus hautement technologiques de la production industrielle. » Voilà pour la définition telle que présentée sur le site web du FabLab.iMal.
Luc Hanneuse explique : « Tout FabLab doit disposer d’un minimum d’équipements et d’outils. A savoir : une découpeuse laser, une imprimante 3D et une fraiseuse à commande numérique. Le principe étant qu’avec ces 3 machines, il serait possible de faire pratiquement ce qu’on veut. » Comme tout FabLab digne de ce nom, le FabLab.iMal dispose donc de ces 3 machines… entre autres. Parce qu’ici, des imprimantes 3D, il y en a ici plus d’une. Certaines sont même home made. « Et en 2005, la première imprimante 3D ‘‘faite soi-même’’ a vu le jour. Mais la toute première imprimante 3D date des années 70 ! »
Une communauté
FabLab.iMAL se présente comme un atelier de fabrication où toute personne (artiste, designer, ingénieur, développeur, bricoleur, étudiant, citoyen,..), quel que soit son niveau de formation, peut venir expérimenter, apprendre ou fabriquer tous types d’objets (objet artistique ou design, objet interactif, objet technique, prototype, etc…).
C’est aussi et surtout un espace de rencontre et de création collaborative. Ce qui caractérise tout FabLab, c’est son aspect communautaire. « Il n’y a pas un grand professeur qui dirige les opérations », ironise Luc Hanneuse. Les membres d’un FabLab s’entraident, échangent leur savoir-faire, construisent en commun leur connaissance dans des processus de collaboration ouverts intégrés au réseau global des FabLabs. « Il ne s’agit pas non plus de venir avec un objet défectueux pour que quelqu’un vienne le réparer. L’idée est de trouver soi-même des solutions, en échangeant avec les autres membres. De comprendre ensemble comment ça marche et pourquoi ça n’a pas fonctionné. Dans un FabLab, on a le droit de se tromper. » Au FabLab.iMal, on a le droit, aussi, de faire « des choses inutiles, ce qui n’est pas le cas dans tous les FabLab… », ose notre hôte.
On y fait quoi ?
Que peut-on fabriquer dans un FabLab ? Un peu de tout, on l’a dit, aussi loin que la créativité et l’envie guident les gestes des « makers » (celles et ceux qui fabriquent, donc). Des objets décoratifs, des objets de remplacement, des vêtements, prothèses, outils… Il est aussi possible ici de transformer ou réparer des objets de la vie courante. Le FabLab.iMal côtoie d’ailleurs des Repair’Cafés, mais, une fois de plus, à condition de faire soi-même et non pas de « faire faire » par quelqu’un d’autre. Le FabLab.iMal réfléchit également à l’articulation entre technicité et biodégradabilité des matières plastiques. Ceci dit, Luc Hanneuse tempère : « La récup, c’est bien, mais il ne faut pas utiliser n’importe quoi comme matériaux non plus. On achète pas mal de matériaux lorsqu’il s’agit de les travailler avec les machines. Inutile de prendre des risques. »
Concrètement, FabLab.iMAL est ouvert à toutes et tous pendant les heures publiques. L’utilisation des machines n’est autorisée qu’aux membres. Ces membres sont soit des particuliers, soit des institutions (écoles, associations…). Devenir membre requiert une participation à un atelier d’introduction permettant de s’initier à l’utilisation des machines. Logique. FabLab.iMAL organise également des activités de formation, accueille des artistes et designers en résidence, participe à des activités de sensibilisation sur les techniques et enjeux autour de la fabrication numérique, du Do It Yourself (DIY) et de l’open source des objets. FabLab.iMAL se veut aussi un centre de ressources et d’expertise sur les nouveaux processus permettant la matérialisation d’idées en objets.
Tout un programme, à découvrir sur http://imal.org/fr/fablab
Céline Teret
Photos : C. Teret / Réseau IDée
(1) Visite organisée dans le cadre de la journée « TICs et Education relative à l’Environnement (ErE) », du Réseau IDée, le 22/02/2018, à Bruxelles.
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